« épreuves antiques », « épreuves essentielles », « épreuves indispensables », tels sont les premiers qualificatifs attribués aux épreuves auxquelles est soumis le candidat pendant la cérémonie de réception au grade d’Apprenti du Rite Ecossais Rectifié.

Le candidat livré aux épreuves

L’Instruction Morale du grade d’Apprenti du Rectifié nous dit : « Le Vénérable Maître, après s’être assuré de la sincérité de vos désirs, de la fermeté de vos résolutions et du consentement de la Loge, vous a livré aux épreuves antiques qu’il était indispensable de vous faire subir et sans lesquelles vous ne pouviez pas être reçu. »

Cet adjectif « antique » (également utilisé par le Rite Français Moderne) nous amène à penser que les épreuves auxquelles le candidat « est livré » lors de sa réception sont d’un usage ancien, qu’elles ont été déjà mises en œuvre dans un lointain passé, qu’elles ont traversé les siècles. « Antique » renvoie dès lors à une notion de temps reculé, de vieille époque. Les rituels maçonniques évoquent « une vieille épreuve », « une coutume ancienne » et même « une très ancienne tradition ». D’autres rituels parlent des « anciens Mystères », d’autres encore allèguent de pratiques initiatiques remontant à « des temps immémoriaux ».

On trouve, dans le Rite Français, cette déclaration : « Dès la plus haute antiquité, des hommes se sont groupés, soit pour la recherche spéculative, soit pour la pratique d’un culte, soit pour garder jalousement une technique corporative. Dans ces groupements fermés, où le secret était exigé, on ne pouvait entrer que par une longue et souvent périlleuse initiation qui a varié suivant les époques et le but poursuivi ».

La plupart des rites maçonniques établissent une certaine parenté, sans qu’il y ait nécessairement une filiation directe, entre les rites maçonniques et ceux des sociétés secrètes initiatiques de l’Antiquité et de leurs Mystères. Sont souvent cités, suivant les rites maçonniques, les Religions ou les Mystères égyptiens, assyriens, babyloniens et juifs, ceux de la Grèce et de l’Empire romain, sans compter des influences postérieures rosicruciennes, alchimistes, chevaleresques et templières, sans oublier non plus l’héritage laissé par les confréries de bâtisseurs de cathédrales ou par des ordres secrets qui remonteraient à la nuit des temps.

Les épreuves, « fondées sur des lois sages et invariables »

On lit dans le rituel du Rectifié : « … ces épreuves ne sont point arbitraires, mais fondées sur des lois sages et invariables … » Pour la franc-maçonnerie en effet, il n’y a rien d’anachronique ou de désuet dans la perpétuation de la pratique des épreuves réputée ancestrales. Loin d’être archaïques, périmées ou révolues, les « épreuves » sont, au contraire, considérées comme un précieux héritage venu de ce que d’aucuns appellent « La Tradition ».

Le même rituel se fait écho de tout cela en présentant « la Franc-maçonnerie comme un Ordre ancien et respectable », le Rite Emulation parle quant à lui « d’une ancienne et honorable Institution » … « car elle contribue à rendre tel celui qui suit ses enseignements… » Les textes du Rectifié se réfèrent plusieurs fois « aux usages et lois anciennes de l’Ordre » ainsi qu’aux « devoirs que l’Ordre impose à ses membres ». Le Vénérable énonce la phrase suivante au nouvel Apprenti, le jour de sa réception : « Recevez de mes mains l’habit de l’Ordre, le plus ancien et le plus respectable qui fut jamais. »  

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.