La légende maçonnique de la mort d’Hiram a inspiré et nourri l’imaginaire de romanciers et poètes dont Gérard de Nerval. Ainsi son monumental Voyage en Orient (publié en 1851), conte, dans sa toute dernière partie, L’Histoire de la reine du matin et de Soliman prince des génies.
Gérard de Nerval a su transcrire ici, dans un style inégalable, certains traits caractéristiques de l’Humanité : l’amour, la passion, le fanatisme, l’envie, la jalousie, l’amour propre, l’orgueil et la lâcheté … thèmes très « hiramiques » s’il en est.
Le trio Hiram, Salomon et la reine de Saba
Le long chapitre final (près de 130 pages) de l’œuvre nervalienne expose de manière romancée une intrigue qui met en scène la reine de Saba (appelée Balkis), le roi Salomon (appelé Soliman Ben Daoud) et Hiram (appelé Adoniram), le sculpteur-architecte chargé par Soliman de la construction du Palais et du Temple. La trame du récit nervalien, constituée par les relations entre ces trois personnages bibliques, fournit à l’auteur le thème fondamental sur lequel sont brodées des variations littéraires à la façon du conte oriental.
Les chercheurs ont établi que le père de Gérard de Nerval, le docteur Etienne Labrunie, était maçon, de même que l’un de ses oncles. Cette influence parentale aurait conduit Nerval à étudier de nombreux documents maçonniques et à sympathiser avec l’idée d’une Maçonnerie élévatrice des esprits humains. Bien qu’il n’existe pas de preuves tangibles qu’il ait été lui-même maçon, tout laisse à penser que Nerval possédait une culture maçonnique livresque étendue et qu’il entretenait des relations avec des maçons.
L’une des originalités de l’ouvrage de Nerval réside dans la présentation du personnage Hiram (Adoniram) dans ses rapports avec Balkis et Soliman, rapports qui vont conduire à son assassinat par trois mauvais compagnons. Certes, à propos du meurtre d’Hiram, tout laisse à penser que Nerval s’est inspiré de la légende maçonnique mise au point un siècle plus tôt mais, loin de se conformer strictement aux rituels maçonniques du grade de Maître qui content la légende, Nerval surajoute des éléments entièrement étrangers à la Franc-Maçonnerie.
Hiram et la vision romantique de G. de Nerval
Certains francs-maçons sont gênés par l’interprétation nervalienne de la légende hiramique qu’ils jugent non « authentique », maçonniquement parlant. René Guénon a qualifié le récit nervalien de « fantaisie de l’imagination ».
Jean-Claude Sitbon, dans son ouvrage consacré à Hiram et publié en 2014, a cependant choisi de consacrer une partie de son travail à un résumé consistant de L’Histoire de la reine du matin et de Soliman prince des génies. L’auteur a pensé qu’il s’agissait d’un facteur d’enrichissement de « l’imaginaire symbolique » que tout maçon doit rechercher.
Voici, ci-après, les têtes de chapitres du résumé de L’Histoire de la reine du matin et de Soliman prince des génies effectué par Jean-Claude Sitbon dans son livre.
La reine Balkis, ressort du drame nervalien
Les multiples fonctions d’Adoniram dans l’œuvre de construction du Temple
Adoniram, un personnage énigmatique, complexe, d’une fascinante beauté
Adoniram émerveille la reine de Saba, ils tombent amoureux l’un de l’autre
Les rapports tumultueux entre Adoniram et Soliman
Trois Compagnons sabotent la réalisation du chef d’œuvre final d’Adoniram qui, avec l’aide de Tubal Kaïn, répare le désastre
Le meurtre d’Adoniram par ces trois compagnons
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« Hiram. Exégèses bibliques et maçonniques du mythe fondateur de la Franc-Maçonnerie »