Jean-Baptiste Willermoz | Rite Ecossais Rectifié | 2

Jean-Baptiste Willermoz, l’architecte principal du Rite Ecossais Rectifié, vécut, durant les quinze dernières années de sa vie privée, de très rudes épreuves.

La dernière partie de l’existence de ce véritable patriarche fut assombrie par des deuils. Marié sur le tard, Willermoz avait mis fin à sa vie de célibataire à l’âge de soixante-six ans. En 1804, sa jeune épouse, Jeanne-Marie Pascal, lui donna une fille qui ne vécut que quelques jours. De santé fragile, Jeanne-Marie mit au monde, quinze mois plus tard, un fils, mais, mal remise de cette seconde couche, elle succomba en 1808. Deux années plus tard, la sœur bien-aimée de Willermoz (Madame Provensal) et confidente de nombre de ses secrets mystiques disparaissait à son tour. J-B. Willermoz, seul survivant de ses douze frères et sœurs, restait avec un fils de cinq ans qui mourut deux années plus tard, en 1812.

J-B. Willermoz, le patriarche

Toutefois, les changements et les drames intervenus dans sa vie profane ne lui firent pas oublier ses préoccupations maçonniques et mystiques. C’est ainsi qu’en 1809 Willermoz consacra encore une partie de son temps à achever le rituel de Maître Écossais de Saint-André André (4° grade du Rite Écossais Rectifié) et renoua de manière active ses relations épistolaires maçonniques qui s’étaient interrompues.

Parvenu à l’âge de quatre-vingts ans, Willermoz décida d’écrire des cahiers d’instructions destinés à son fils à qui il souhaitait transmettre, pour plus tard, les enseignements ésotériques qu’il avait recueillis au cours de sa déjà longue expérience d’initié. Ces textes reprenaient pour l’essentiel la doctrine de Martinès de Pasqually. Dernier témoin d’une grande époque révolue, J-B. Willermoz fit, pendant cette période, figure de patriarche et de docteur mystique pour ses anciens collègues et quelques nouveaux disciples qui ne lui ménageaient pas les témoignages de déférence en tant qu’initié, conservateur d’une antique doctrine. Fort de sa primauté doctrinale et de ses connaissances approfondies, J-B. Willermoz était resté d’une imperturbable confiance en son propre jugement et proférait ses conseils et ses prescriptions sur un ton de maître, commentant, parfois avec scepticisme et un certain esprit de dénigrement, le comportement de ses proches dans leurs orientations maçonniques ou ésotériques.  

De santé précaire, J-B. Willermoz se sentait malgré tout isolé dans ce monde du début du 19ème siècle et il lui fallut constater la ruine d’une entreprise qui lui avait coûté tant d’heures de travail, de démarches et d’efforts. En effet, la chute de Napoléon avait ébranlé de nouveau le Rite Écossais Rectifié qui subsista tant bien que mal, grâce notamment aux maçons de Strasbourg et de Besançon. 

En mars 1822, J-B. Willermoz répondit au baron de Turckheim qui le questionnait pour savoir s’il existait encore des Réaux-Croix. Cette réponse est en quelque sorte le mot de la fin :

« De tous les Réaux-Croix que j’ai connus particulièrement, il n’en reste point de vivant. Aussi il me serait impossible de vous en indiquer aucun pour après moi. Je doute même que le temps présent soit propre à en préparer, mais nous savons tous que le Tout-Puissant plein d’amour et de miséricorde peut, quand il le voudra, faire naître des pierres mêmes des enfants d’Abraham. »

Les derniers moments de Willermoz

Avant de disparaître, alors que le Rite Écossais Rectifié subissait une décadence assez dramatique, J-B. Willermoz se préoccupa de léguer, par testament, ses archives maçonniques et secrètes, tous ses manuscrits péniblement amassés et sauvés autrefois au péril de sa vie. Il désigna le CBCS Joseph-Antoine Pont comme dépositaire de ses trésors, avec une certaine inquiétude cependant, car celui-ci ne les acceptait qu’à condition de décider ensuite, librement, s’il devait soit conserver, soit communiquer, soit détruire, son dépôt. Le décès de J-B. Willermoz intervint le 29 mai 1824.

Jean-Baptiste Willermoz | Rite Ecossais Rectifié

Tombe de Jean-Baptiste Willermoz

Dans son livre Un Mystique Lyonnais : Jean-Baptiste Willermoz, Alice Joly nous raconte que la foule fut nombreuse à son enterrement qui avait été préparé par son neveu. Douze vieillards de la Charité portaient des torches et dix-huit prêtres officièrent dans l’église Saint Polycarpe, tendue de noir. La tombe de J-B. Willermoz est située au cimetière de Loyasse, le plus vieux cimetière de Lyon.

Pour en savoir plus sur Jean-Baptiste Willermoz :

Lire le Tome 1 de l’Aventure du Rite Ecossais Rectifié.

 

 

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.