Il paraît évident que les écrits maçonniques ont emprunté le personnage d’ Hiram aux textes bibliques. Il est tout aussi évident que les rédacteurs ont considérablement développé et embelli les talents et les vertus d’Hiram dans sa participation à la construction du Temple de Salomon.
Hiram dans les textes bibliques
Les talents d’Hiram sont mentionnés dans des récits parallèles, mais pas toujours identiques, dans les deux Livres bibliques des Rois et dans le Deuxième Livre des Chroniques.
Dans les textes bibliques, Hiram apparaît comme un décorateur qui confectionne certains meubles, ornements, garnitures, ustensiles et bibelots dans le Temple et alentour, destinés à la finition du Temple : « Ainsi Hiram acheva tout l’ouvrage que le Roi Salomon lui fit faire pour la maison de l’Éternel. » Dans le récit biblique, Hiram n’intervient donc qu’une fois le gros œuvre du Temple terminé sous la houlette de Salomon.
Hiram dans la légende maçonnique
Mais la légende maçonnique ne va pas se contenter d’un Hiram ouvrier hautement qualifié dans tous les métaux ou fondeur professionnel, ni d’un Hiram spécialiste en arts décoratifs, maître des gravures et sculptures.
On ne trouve donc, à propos d’Hiram, aucune référence explicite à une quelconque fonction d’architecte comme l’affiche les textes maçonniques. Une autre innovation d’importance, associée à celle d’architecte, apparaît dans la légende maçonnique qui est celle d’un Hiram organisateur et chef du chantier, superviseur émérite des travaux et patron de tous les ouvriers
En plus de ses multiples talents, les rituels maçonniques dotent Hiram de qualités et de vertus exceptionnelles, voire extraordinaires. Hiram est considéré comme un homme hors du commun : le Rite Écossais Ancien et Accepté loue « sa vaste connaissance », le Rite Écossais Rectifié « ses rares talents et ses lumières ». Le Rite Écossais Rectifié précise qu’Hiram « étonna par l’assemblage de ses talents et sera à jamais célèbre pour ses succès ».
Non seulement Hiram a pris la stature de l’architecte modèle mais il est aussi présenté, par la légende maçonnique, comme « l’homme parfait », archétype de la « perfectibilité humaine » au sens où la Franc-Maçonnerie l’entend, c’est-à-dire l’Homme vertueux. Hiram semble incarner la plénitude de l’Être dans l’excellence.
L’Hiram biblique, décorateur-bronzier qualifié et talentueux mais somme toute sans grand relief, est devenu l’Hiram maçonnique, un conducteur de travaux émérite, un architecte de génie, un homme d’exception et, même, pour le Rite Ecossais Rectifié, un envoyé divin.
On ne peut manquer de se demander si l’Hiram maçonnique est le fruit d’une invention pure et simple, née dans l’imagination des faiseurs de fables maçonniques. Dans cette hypothèse, il est naturel qu’Hiram ait bénéficié des traits d’exaltation que l’on accorde en général aux héros des mythes ou des cosmogonies.
Est-ce à dire que la légende centrale de la Franc-Maçonnerie, autour d’Hiram, n’est qu’un mythe construit, pour les besoins de la cause, sur un personnage biblique dont le profil s’avère être apparemment sans grand relief ? Ou au contraire, existent-ils des sources scripturaires susceptibles de justifier la présentation idyllique d’Hiram qu’en font les écrits maçonniques ?
C’est cette énigme que Jean-Claude Sitbon tente de percer dans son livre sur HIRAM.
Pour en savoir plus sur Hiram :
Lire le livre de Jean-Claude Sitbon
Hiram Exégèses bibliques et maçonniques du mythe fondateur de la Franc-Maçonnerie