Rituels du RER | Rite Ecossais Rectifié

Sur le plan de la pratique formelle des rituels, le Rite Ecossais Rectifié est dénué de toutes pompes dans les diverses cérémonies des Loges bleues et vertes. Les textes des rituels peuvent même être considérés comme austères par leur rigueur : le vouvoiement entre les Frères dans toutes circonstances pendant les tenues, l’absence de musique, la sobriété des décors de la Loge… 

Sur le plan de l’écriture, les rituels du  Rite Écossais Rectifié ont conservé des expressions dont le style peut paraître, aujourd’hui, ampoulé, emphatique ou déclamatoire mais avec une qualité d’expression propre à la langue française du 18ème siècle, c’est-à-dire, clarté, sens des nuances, respect scrupuleux de la grammaire, richesse et précision du vocabulaire employé.

Le caractère parfois archaïque des textes des rituels

Le caractère parfois archaïque ou désuet de l’expression des textes des rituels peut surprendre. Par exemple, à la fin des travaux, le Vénérable, formule à tous les Frères l’invitation suivante : « Je vous invite tous à un banquet frugal et fraternel ; venez y goûter, dans une société de Frères, les charmes de l’égalité. »

Certaines Loges Rectifiées utilisent encore des rituels dont les textes ont conservé des expressions ou des mots qui ne sont plus utilisés aujourd’hui dans la langue française comme « Aidons tous au Vénérable Maître… » ou le mot « Apprentif ». Ce mot n’est pas une erreur d’orthographe ou de copiste, comme certains le pensent parfois. « Apprentif » est une orthographe ancienne du mot « apprenti », et le féminin de ce mot était « apprentive ». Si l’un et l’autre mot sont inusités aujourd’hui, le Littré 1780 écrivait encore « apprentif », le « f » final du mot ne se prononçait pas. La graphie sans le « f » final ne sera recommandée dans le Dictionnaire de l’Académie, comme graphie unique, qu’à partir de 1835.

Les Frères et les Sœurs du Rectifié sont généralement sensibles au ton solennel avec lequel les textes des rituels sont prononcés ; ils ont aussi le souci de respecter la gestuelle en Loge telle que prescrite par les rituels. La tenue vestimentaire des Frères qui est préconisée pendant les réunions est la suivante : costume sombre, cravate noire, chemise blanche.

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Quelques particularités des rituels

Quelques particularités dans les pratiques et les décors de la Loge bleue décrits par les rituels peuvent être signalées. Par exemple, en Loge, tous les Frères portent l’épée dont le port et le maniement sont très précisément codifiés par les rituels. De même pour le chapeau dont seuls les Maîtres se couvrent pendant les Tenues mais que les Apprentis et les Compagnons portent à leur ceinture.

Notons que les deux colonnes qui marquent l’entrée du Temple, le soleil et la lune, la houppe dentelée, n’ont pas à être présents sur ou contre les murs de la loge ; de même pour le pavé mosaïque qui n’est pas posé sur le sol de la loge. Tous ces symboles, bien présents au Rectifié, sont uniquement figurés « sur » le tapis de Loge des deux premiers grades, et seulement là. Les décors de la Loge, lors de l’ouverture des travaux, sont donc uniquement : le tapis de Loge placé au centre du local à même le sol, le tableau propre à chaque grade posé contre le plateau du Vénérable Maître, un dais circulaire au-dessus de lui, un triangle flamboyant portant la mention « Et tenebrae eam non comprehenderunt » placé sur le mur oriental derrière le Vénérable Maître. Il n’y a pas de voûte étoilée dessinée sur le plafond de la loge.

Concernant les bijoux, meubles et ornements, les bijoux retenus sont l’équerre (porté en collier par le Vénérable Maître), le niveau (1er Surveillant) et la perpendiculaire (2ème Surveillant). Ces trois bijoux figurent également, dessinés sur le tapis de Loge et sont positionnés en triangle. De même pour la pierre brute (Apprenti), la pierre cubique (Compagnon), qui n’est pas à pointe au Rectifié, et la planche à tracer (Maître). Les trois meubles dits « mobiles » sont le compas, la truelle et le maillet ; ils sont posés sur le plateau du Vénérable Maître ainsi que l‘équerre qui est entrelacée avec le compas sans indication particulière. Nous remarquerons l’absence du ciseau, du levier et de la règle dans la panoplie des outils symboliques du maçon pourtant présents dans nombre d’autres rites maçonniques. La houppe dentelée qui figure, elle aussi, dans le tapis de Loge ne comporte pas un nombre précis de nœuds. Le pavé mosaïque, présent dans ce même tapis de Loge, est circulaire et composé de losanges (et non de carrés) alternativement noirs et blancs.

Notons enfin que l’interrogatoire sous le bandeau pour le profane qui désire entrer en Maçonnerie, apparu tardivement dans les rituels de plusieurs rites maçonniques, n’existe pas au Rite Écossais Rectifié. L’admission du candidat, dûment parrainé par un Frère Maître de la Loge, est cependant soumise au vote de la Loge après les lectures orales de trois enquêtes diligentées par le Vénérable Maitre et effectuées par des Frères Maîtres de la Loge.

Pour en savoir plus à propos des rituels du Rectifié :

Voir le chapitre V du Tome I de L’aventure du Rite Ecossais Rectifié intitulé « Les versions successives des rituels des grades du Rite Ecossais Rectifié ».

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.