Tour de Babel | Rite Ecossais Rectifié -1

Le nom « Babel » possède, dans la langue hébraïque, une double étymologie qui rend bien compte de l’ambivalence de cette cité et de sa tour, sous le signe à la fois de la merveille (technologique) et de la malédiction.

Nous lisons dans le 1er verset du chapitre 11 du livre biblique Genèse, consacré à Babel : « Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots », et dans le verset 7 : « Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres ». Si le mythe de Babel est traditionnellement celui de la démesure et de l’orgueil humains, il est aussi celui de la confusion des langues. Il pose la question de la perte d’une langue unique par l’humanité qui n’est pas sans rapport avec celle de la « Parole perdue » dans la tradition maçonnique.

« Babel », porte du ciel ou lieu de confusion

Le nom de Babel, qui vient du mot akkadien Bāb-ili, se traduit par « la porte de Dieu ». De même, Bab-El, dans la langue sémitique, veut dire « porte du ciel ».

Mais le livre biblique Genèse, pour définir Babel, semble plutôt retenir l’étymologie populaire du verbe hébreu « BaLal » qui peut signifier « mélanger, confondre », ce qui correspondrait au verset : « … Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre. » (Genèse 11, 8-9)

Babel, « porte du ciel » ou « porte de Dieu », devient ainsi, pour la tradition biblique, Babel, le lieu où tout va se « confondre » et à partir duquel tout va se « disperser »… Cette double étymologie rend bien compte de l’ambivalence de cette cité et de sa tour, sous le signe à la fois de la merveille (technologique) et de la malédiction.

Babel la confusion, confusion des langues des hommes qui ne s’entendirent plus et virent leurs efforts réduits à néant, c’est donc ce que semble retenir la tradition biblique. Il est vrai que « Babel », nom hébreu de Babylone – la grande cité-état mésopotamienne (fondée par les Akkadiens vers 2325-2160 av. J.C.) – a toujours symbolisé, dans la culture juive, l’hostilité contre Israël, et ses constructions géantes ont représenté le paganisme et l’oppression.

Cette interprétation négative du mot « Babel » est demeurée d’ailleurs dans la langue française car les termes « Babel, babélique » sont devenus des termes péjoratifs, synonymes de confusion, chaos, incompréhension, désordre…

Babel et la plaine de Schinéar

Le texte biblique précise : « Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinéar, et ils y habitèrent. » (Genèse 11, 2) Certains commentateurs estiment que « Schinéar » est la région située entre le Tibre et l’Euphrate, où l’on situe Babylone en Mésopotamie, l’actuel Irak.

Notons que le pays (ou la région) de Schinéar a, au sein de la tradition judaïque, une très mauvaise réputation car il est souvent présenté comme le royaume des idoles et des faux semblants. Chiméar en hébreu signifie : « le mugissement des rejetés », cet endroit fait référence aux noyés du déluge, le Midrash dira même que lorsque les hommes sont arrivés dans cette ville (dans cette plaine), ils ont trouvé des monceaux de cadavres datant du Déluge.

Annick de Souzenelle écrit que l’homme « s’élance dans une plaine appelée Shinéar, qui signifie un lieu où l’on beugle, où l’on pousse des cris d’animaux, où l’on est dans la souffrance, plaine qui sera appelée plus tard Babel ».

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Avec une pratique de plus de trente années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il a fondé le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER) qui a servi de base à ses écrits.
J.C. Sitbon dispose du site web (www.rite-ecossais-rectifie.com) contenant aujourd’hui près de 150 articles à caractère maçonnique dont il est l’auteur.
Jean-Claude Sitbon est aujourd’hui auteur et conférencier, spécialiste de l’étude de la symbolique des textes des rituels des rites maçonniques.

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