Parole perdue | Rite Ecossais Rectifié

Le grand secret de la Franc-Maçonnerie réside peut-être dans la « Parole perdue ». Retrouver cette Parole constitue l’objet même de la quête initiatique.

La Parole perdue, symbole d’un âge défunt

Dans la tradition maçonnique, le thème de la « Parole perdue » est toujours lié à la disparition de Maître Hiram. La Parole a été perdue suite la mort du héros de la légende maçonnique, assassiné par trois mauvais Compagnons, et qui en a emporté le secret dans sa tombe.

C’est dans les rituels du 3ème grade que la question est généralement abordée. Ainsi, au Rite Écossais Ancien et Accepté la Parole a été perdue : «par Trois Grands Coups qui ont causé la fin tragique de notre Respectable Maître Hiram» et, au Rite Ecossais Rectifié, «… par la mort du Respectable Maître Hiram, laquelle ne permit plus aux Maîtres d’en faire usage. »

La tradition maçonnique rejoint ainsi de nombreuses traditions pour lesquelles il y avait, à l’origine, une « vérité » qui s’est dégradée au fil des temps ou qui a brutalement disparu. Nous pouvons voir dans la « Parole perdue » le symbole du mythe d’un âge défunt, heureux et légendaire, où l’homme vivait au milieu des Dieux, où il comprenait leur langage et le sens de l’Univers.

La recherche de la Parole perdue

La perte de la « Parole » induit sa recherche et entretient l’idée de la « quête » présente dans de nombreuses traditions, telles la quête du Graal de l’initiation chevaleresque du Moyen-âge ou la recherche du mythique « Paradis perdu » dont tout homme porterait la nostalgie. Dans tous les cas, il s’agit de restaurer un état antérieur à la privation de cette « Parole ».

« D – Quel est le but de votre travail ? R – Celui de parvenir à retrouver avec le secours du Grand Architecte de l’univers et l’assistance de l’Ordre, la vraie parole des Maîtres qui est perdue, pour en faire un digne usage », lit-on dans le Rite Ecossais Rectifié.

Pour nombre de rites maçonniques, la recherche de la « Parole perdue » évoque également le voyage ou l’errance :

Rite écossais de la Mère Loge Écossaise d’Avignon (1774)

« D – Pourquoi vous a-t-on fait voyager ?
R – Pour chercher ce qui avait été perdu.
D – Qu’est ce qui a été perdu ?
R – La parole de Maître. »

Rite Français

« D – Comment avez-vous été reçu ?
R – En passant de l’équerre au compas.
D – Que cherchiez-vous dans cette route ?
R – La parole de Maître, qui était perdue. »

Rite Écossais Ancien et Accepté

« D – Comment voyagent les Maîtres Maçons ?
R – De l’Orient à l’Occident et de l’Occident à l’Orient et par toute la terre.
D – Dans quel but ?
R – Pour chercher ce qui a été perdu, rassembler ce qui est épars et répandre partout la Lumière. »

Retrouver la « Parole perdue » représente ainsi le but même des travaux du maçon dans sa volonté de toujours se perfectionner, cela constitue l’objet de son effort perpétuel pour « réunir ce qui est épars » comme s’il s’agissait de reconstituer l’Unité primordiale. On notera que pour le monde religieux, la Parole est révélée alors que pour le monde maçonnique, elle est recherchée.

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A propos de l'auteur Voir tous les posts

JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.