La notion de la dualité permet notamment de poser la question de la création, de la genèse, du commencement.
De l’Unité naît la dualité
Le sage Aivanhov enseigne qu’à l’origine du monde seul l’Absolu existait, un Absolu inconnaissable, un Absolu inexprimable qui n’était ni temps ni éternité, ni lumière ni ténèbres, le Silence absolu. Quand cet Absolu, qui possédait tout en puissance, a voulu se manifester, Il a émané une partie de Lui-même. L’Absolu a condensé, a concrétisé un monde qui était subtil et lumineux, et cela a donné la matière, le plan physique.
René Guénon, quant à lui, évoque le « point primordial, antérieur à toutes les distinctions et à toutes les oppositions, d’où celles-ci partent et où elles reviennent finalement se résoudre, dans le double mouvement alternatif d’expansion et de concentration, d’expiration et d’aspiration, de diastole et de systole ». Ces couples d’opposés sont ainsi nécessaires à la mise en œuvre de la phase d’existence manifestée.
De l’Unité originelle naît donc la dualité créatrice qui est l’acte du Principe qui permet la manifestation. Le processus de manifestation est considéré comme un passage de l’abîme primordial qui est un état d’indifférenciation à la dualité créatrice qui est un état de division ou de différenciation. On peut également parler de polarisation en positif et négatif, masculin et féminin. Les kabbalistes parlent d’un infini actif et d’un infini passif, Jacques Baryosher écrit : « L’un émane et pénètre, l’autre reçoit et enveloppe. »
La dualité de la Création dans la Bible
« Au commencement Dieu créa le ciel et la terre », lit-on dans le livre Genèse. A l’origine, le ciel et la terre n’étaient pas séparés, ils étaient unis et « indistingués » en leur principe commun.
Puis le récit de la création biblique continue par des séparations successives sur ce même rythme binaire avec la lumière et les ténèbres, les eaux d’en haut et celles d’en bas, la terre et la mer pour enfin parvenir à l’homme, qui est également créé sous la forme duelle, puisqu’il est dit dans le livre Genèse que Dieu créa l’homme, « mâle et femelle ». Il est affirmé ainsi la dualité du monde sensible.
« Bereshit Bara Elohim ». La première phrase du texte du livre Genèse commence, dans la langue hébraïque, par la lettre Beith, la deuxième lettre de l’alphabet de cette langue et non par aleph qui est en la première lettre. La lettre aleph ne se prononce pas, elle est le symbole de Dieu dans son unité. Pour de nombreux exégètes, l’utilisation de la deuxième lettre de l’alphabet hébraïque pour débuter le texte de la Création signifie notamment le passage dans le monde de la dualité.
« Au commencement était le Verbe ». Cette expression débute le prologue de l’Evangile selon Jean. René Guénon affirme que « la Création est l’œuvre du Verbe ; elle est aussi sa manifestation, son affirmation extérieure ; et c’est pourquoi le monde est comme un langage divin pour ceux qui savent le comprendre. » « Le Verbe, le Logos, est à la fois Pensée à l’intérieur et Parole à l’extérieur : en soi, Il est l’Intellect divin », poursuit René Guénon. Il est dit que le vide précède la création.
Avant la parole, il y a la force première du silence. Le Verbe est donc silence et formulation. Silence et formulation sont tels l’inspir et l’expir, le jour et la nuit, ils sont indissociables car ils sont les deux aspects d’une réalité unique.
Un prochain article traitera de la dualité, du binaire qui peuvent également être porteurs de la notion d’opposition et de contradiction négatives.