Une même intuition philosophique semble partagée en de nombreuses civilisations : l’être humain ne connaît la réalité qu’à travers la dualité des aspects opposés.

La dualité ou les couples d’opposés

Aristote, dans sa présentation de la doctrine pythagoricienne, illustre cette tendance à structurer le monde en un nombre infini de couples d’opposés, à tout ordonner selon des couples de contraires. Il évoque, en effet, une série de dix principes qui forment autant de binômes : Limité et Illimité, Impair et Pair, Un et Multiple, Droit et Gauche, Mâle et Femelle, en Repos et en Mouvement, Rectiligne et Courbe, Lumière et Obscurité, Bon et Mauvais, Carré et Oblong.

La nature opère en deux principes contraires : affirmation et négation, don et refus. Cette opposition de deux principes se marque par une activité rythmique, alternante, analogue, par exemple, aux fleurs qui s’ouvrent et se contractent alternativement ou à la lumière solaire qui exerce son action sur la terre durant le jour et qui se rétracte pendant la nuit. C’est par une série d’actions et de réactions que le cosmos se maintient : la répulsion qui disperse et l’attraction qui rassemble.

On peut également noter l’analogie qui existe avec la diastole et la systole du cœur et la circulation du sang dans l’être vivant. La pulsation vivante de la respiration vient du jeu alterné dans lequel l’expiration aboutit à une inspiration et l’inspiration à une expiration. Chaque fois que, dans l’un ou l’autre sens, le mouvement ralentit, la vie est troublée. Si ce mouvement s’arrête, la vie cesse.

Diviser ce qui est uni, unir ce qui est divisé, telle semble être la vie de la nature. L’amour attire tandis que la haine repousse et l’une et l’autre sont nécessaires pour que tourne le monde dans lequel nous avons la vie et le mouvement.

La dualité ou la loi des contraires

Il semble donc exister une loi universelle, qui est la DUALITE, sur laquelle repose le principe même de la vie. Comme l’avait déjà remarqué Pasteur, sans la dissymétrie originelle de la cellule vivante, il n’y aurait pas eu de vie, puisque la condition de son apparition réside dans la présence de deux forces opposées. Nos propres perceptions se plient en permanence à la loi des contrastes. Deux forces lancent et attirent, agrègent et dispersent. Nous les sentons en nous car nous éprouvons le besoin d’attirer et de rayonner, de conserver et de répandre.

Cette loi de la dualité, qui repose sur la tension existant entre deux éléments, est exprimée dans l’univers symbolique mis en place dans la loge maçonnique. On peut citer, par exemple :
le soleil et la lune figurés sur le tapis de loge, que l’on peut percevoir comme deux yeux qui symbolisent la vision duelle du Cherchant, comme sa dépendance à la loi du binaire.
– les deux colonnes qui marquent l’entrée du Temple ou le pavé mosaïque, avec ses carrés ou ses losanges alternativement noirs et blancs, qui exprime l’image de la vie qui engendre la multitude des formes.

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.