Le « désir » est le moteur de toute quête spirituelle. Ce mot « désir » est très présent dans les textes du rituel du Rite Ecossais Rectifié. Nous  trouvons ce mot dans des expressions typiques de ce rite comme « Vrai désir » ou « homme de désir ». Les recherches que les spécialistes de l’étymologie de la langue française ont effectuées sur le mot « désir » aboutissent à des conclusions assez inattendues mais très éclairantes pour un franc-maçon.

L’ambiguïté du désir

Le mot « désir » vient du verbe français désirer, lequel vient lui-même du verbe latin desiderare. Desiderare est formé, d’une part, du préfixe « dé », qui marque l’idée de séparation, de cessation : « dé » brancher, par exemple, c’est faire cesser le branchement ou séparer des tuyaux qui étaient reliés, et, d’autre part, de sidus, sideris, qui désignent l’astre, l’étoile ou une constellation d’étoiles. A l’inverse du verbe latin considerare qui signifie contempler un astre, desiderare veut dire constater l’absence de l’astre ou cesser de contempler l’étoile.

Les auteurs latins employaient desiderare dans le sens de regretter, déplorer la perte de quelqu’un ou de quelque chose qui leur appartenait. Le désir, au sens étymologique, c’est donc le regret de l’astre ou de l’étoile qui a disparu et, si cette étoile a disparu, c’est donc bien qu’elle a existé et qu’elle a été perdue.

L’ambiguïté du désir se révèle ici. Dire que le désir est tout proche du regret ou de la nostalgie du temps où l’homme contemplait l’étoile, c’est reconnaître que le désir n’est pas seulement défaut et privation. Le désir renvoie à une expérience passée et exprime ainsi le souvenir confus d’avoir eu, jadis, l’étoile comme guide, et la possibilité de la résurrection d’un bonheur disparu ainsi que le pressentiment d’une lumière (celle de l’étoile) qui nous comblera peut-être un jour…

Le désir de Lumière

Quelle formidable correspondance avec l’étoile flamboyante, présente sur notre tapis de loge, qui rayonne d’une lumière resplendissante ! La place de cette étoile, au centre du carré qui forme l’intérieur du Temple, indique bien que c’est là que se trouve la source de la Lumière. Le centre du Temple intérieur, c’est aussi le cœur de l’homme, cette chambre occulte dans laquelle réside, de manière enfouie et oubliée, la lumière qui doit lui servir de guide, et qu’il se doit, par un vrai désir tenter de ranimer.

Quelle formidable correspondance aussi avec l’Etoile qui, dans la tradition chrétienne, est le symbole du Christ qui naît dans une étable et qui éclaire la nuit de l’humanité afin que celle-ci devienne à son tour une étoile, en faisant briller les noces de la terre et du ciel.

Pour J.B. Willermoz, architecte principal du Régime Ecossais Rectifié, l’homme peut à tout moment, par l’exercice de son libre arbitre et de sa propre volonté, se mettre (ou se remettre) dans la voie qui conduit à l’Un, à la Vérité, au Bonheur, s’il « cherche de bonne foi la solide lumière », cette « lumière qui est si grande qu’elle éclaire quiconque la cherche sincèrement » et qu’il « est toujours temps de bien faire, puisqu’il est toujours au-dessus de midi pour se mettre au travail ».

 

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.