Dégrossir la pierre brute | Rite Ecossais Rectifié

La plupart des rites maçonniques s’entendent pour dire que le travail de l’Apprenti consiste à dégrossir la pierre brute.

Arrêtons-nous un instant sur le terme « dégrossir » qui a ici toute son importance. L’Apprenti « dégrossit » la pierre et la « nettoie » (précise le Rite Ecossais Rectifié), mais ne la « taille » point.

Dans l’art de la sculpture de la pierre, le terme « dégrossir » signifie extraire suffisamment de matière pour dégager les principaux plans d’une sculpture. Par exemple, lorsqu’une sculpture figurative de nu est dégrossie, la position du corps et ses principales proportions deviennent apparentes.

La pierre brute et le tablier

Le Rite Français (2ème grade) rappelle à l’apprenti que, durant son apprentissage, il a travaillé à enlever « le brut et le superflu des matériaux consacrés à la construction du Temple, qu’il élève au Grand Architecte de l’Univers. »

« Dégrossir » la pierre brute consiste ainsi à lui enlever ses aspérités et ses rugosités, à en faire sauter toutes les excroissances inutiles, à en éliminer la matière superflue, à chercher à libérer la pierre de la gangue que les années profanes ont petit à petit fait adhérer à sa surface, afin qu’elle puisse mieux servir pour la construction.

On lit, dans le rituel du 1er grade du Rite d’York : « … lors de la construction du Temple du Roi Salomon, les différents groupes d’ouvriers se distinguaient par la manière dont ils portaient leur tablier. Les Apprentis portaient le leur avec la bavette relevée pour éviter de salir leurs vêtements : maçonniquement (sic), pour éviter de se souiller avec du mortier détrempé. »

La bavette relevée du tablier porté par l’Apprenti, qui le protège des éclats provoqués par son travail, lui rappelle d’ailleurs en permanence qu’il s’est engagé à « dégrossir la pierre brute ».

Pierre brute et beauté enfouie

Informe et laide, la pierre brute peut devenir belle. « … ne perdez pas de vue que d’un bloc informe et sans beauté, l’artiste peut faire une image exacte de l’être le plus accompli qui soit dans la nature », nous dit le Rectifié.

La pierre brute cache, dans son apparente grossièreté, la beauté enfouie au plus profond de l’être qui existe à l’état potentiel et non manifesté. Pour les alchimistes, la pierre philosophale est une matière obscure et vile où l’esprit divin, dont elle porte le germe, s’épanouira en son temps.

A propos de l'auteur Voir tous les posts

JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.