La pierre en Franc-Maçonnerie | Rite Ecossais Rectifié -2

La pierre a été de tout temps investie d’une valeur symbolique très importante dans l’univers maçonnique. Une idée centrale s’impose : celle de construction, d’édification.

C’est ainsi que, tout au long de sa « trajectoire » initiatique, le franc-maçon ne va cesser, symboliquement parlant, de dégrossir, tailler, polir, affiner la pierre brute qu’il était lui-même en tant que profane. La transformation de ce matériau de base va s’opérer au fil du temps, en vue de lui donner une forme permettant son  insertion dans l’édification du Temple symboliquement parfait qu’est le Temple de Salomon. Un tel idéal constitue le mythe, l’idée-force qui détermine le travail accompli par la franc-maçonnerie. 

La pierre, objet du travail du maçon

On peut lire dans un vieux rituel britannique (Le Dumfries) :

– Qu’est-ce que la maçonnerie ?

– C’est un ouvrage d’équerre.

– Qu’est-ce qu’un maçon ?

– C’est un ouvrier de la pierre.

Même si la symbolique maçonnique fait largement appel aux outils des maçons et aux principes de la géométrie, les francs-maçons ne sont plus, aujourd’hui, les auteurs de réalisations pratiques liées à l’architecture matérielle et au savoir-faire des bâtisseurs d’autrefois. La maçonnerie dite « spéculative » s’est ancrée dans l’abstrait. Le mot « abstrait » ne doit pas ici être considéré ici comme le synonyme de fumeux, de théorique ou de chimérique mais de subtil ou de profond, bref, qui permet d’aller au-delà des perceptions strictement physiques ou matérielles, au-delà des apparences. 

Le rituel du Rite Ecossais Rectifié dit que le maçon a pour objectif d’élever « un Temple à la gloire du Grand Architecte de l’Univers », mais précisons qu’il s’agit d’une édification toute intérieure. Cette désignation métaphorique de la construction spirituelle par l’architecture matérielle constitue la trame du travail maçonnique. Ce travail va offrir au maçon l’occasion de se perfectionner pour « améliorer » son être, et, ce faisant, participer à l’amélioration de l’humanité.  

Comme dans toute démarche initiatique, le travail de perfectionnement est nécessairement progressif et graduel. La première étape de ce travail, donné à l’Apprenti, est consacré au dégrossissement de la pierre brute. 

La pierre brute, emblème de l’Apprenti 

A l’issue de la cérémonie de réception dans le Rite Ecossais Rectifié, l’Apprenti, pour accomplir son premier travail maçonnique, reçoit un maillet. Sur l’instruction du Second Surveillant, il va frapper par trois fois avec celui-ci sur la pierre brute figurée sur le tableau de loge. Le principe de ce premier travail est le mime d’un geste de métier, celui du tailleur de pierres. Ce geste rituel consacre ainsi le nouvel Apprenti dans sa fonction d’oeuvrant dans une confrérie de bâtisseurs, d’ouvrier spirituel dans une communauté de chercheurs de vérité.  

« Cette pierre brute est l’emblème de l’Apprenti Maçon », disent de nombreux rituels. On signifie ainsi au nouvel Apprenti qu’il est lui-même un bloc de pierre brute sorti de la carrière ou « sorti du tumulte des sociétés profanes ». Il comprend que cette pierre est inexploitable en cet état, mais qu’elle représente cependant la matière première à partir de laquelle il va construire son oeuvre. Le nouvel Apprenti reconnaît ainsi, dit le rituel du Rectifié, le « pressant besoin de travailler sérieusement à améliorer tout son être ». Vu comme cela, la notion du travail prend un tout autre sens que celui employé habituellement. Oswald Wirth écrivait : « … le vulgaire travaille pour vivre, alors qu’il appartient au vrai sage de vivre pour travailler ». Tout maçon doit donc travailler, non moins pour vivre que pour être.

La pierre en Franc-Maçonnerie | Rite Ecossais Rectifié -1

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.