Le « principe de multivalence des symboles » ou le « principe de la pluralité des sens » est la clef de la symbolique ésotérique. Ici, le symbole n’exprime jamais un sens exclusif.
De même qu’un coup de marteau sur du fer produit une multitude d’étincelles, de même le symbole comporte des sens multiples. Il est porteur d’un sens qui ne peut être enfermé dans une définition unique. C.C. Jung indique que « le symbole recouvre toujours une réalité complexe qui est tellement au-delà de toute expression verbale, qu’il n’est guère possible de l’exprimer d’un seul coup » Tout symbole se laisse donc rarement réduire à une seule explication.
Le symbole propose des points de repère, des bases de réflexion, de méditation. Il donne des indications, pas des ordres. Il suggère sans imposer. Il dessine des contours, esquisse des silhouettes, mais chacun reste libre de les achever à son idée et de les utiliser à sa guise. Le symbole possède en lui sa propre latitude ; même s’il répond à une certaine codification, il laisse à chacun un espace de parole, de liberté.
La pluralité du sens des symboles
Nul ne peut donc décréter que tel ou tel symbole signifie de manière définitive telle ou telle chose. Chacun a sa propre approche du symbole, en fonction de son caractère, de sa personnalité et de l’état dans lequel il se trouve au moment de l’étudier. La pénétration du sens des symboles est également étroitement solidaire du cheminement initiatique et de la sensibilité spirituelle de chacun. En fonction de cette sensibilité, l’interprétation des symboles sera plus ou moins centrée sur l’éthique, la sociologie, la psychologie, l’artistique, le religieux, la métaphysique, etc…
R. de Becker compare le symbole « à un cristal restituant différemment la lumière selon la facette qui la reçoit. » En effet, si le symbole est porteur de significations qui peuvent paraître différentes et variées, il ne fait que représenter les diverses facettes d’une même réalité. Ainsi, les sens d’interprétation ne s’excluent pas les uns les autres. Mircea Eliade définit la « multivalence » du symbole comme la capacité de se manifester sur des plans multiples. « Par son caractère ambivalent, le symbole gagne en profondeur ce qu’il perd en précision », écrit Raoul Berteaux ; la symbolique offre donc un langage beaucoup moins limité que le langage ordinaire.
Le symbole est non sectaire
Le symbole exige donc de celui qui l’approche la capacité de le voir simultanément de différents points de vue. Cette simultanéité des sens révélés par le symbole engage à un comportement de modestie, d’humilité et de tolérance car cela habitue à élaborer par soi-même ses propres synthèses en respectant celle des autres. L’étude du Symbolisme est donc une école de tolérance, puisque qu’elle mène naturellement, quasi instinctivement, à cette évidence de la nécessité du respect d’autrui.
Le symbole est donc non sectaire, il n’impose aucune récitation, aucun credo, puisqu’il ne propose jamais une vérité comme absolue. Le symbole ne dit pas le vrai, il offre du sens. Ceci montre le caractère non dogmatique de toute recherche d’ordre initiatique. C’est en cela que la voie initiatique se distingue de la croyance et des religions instituées qui affirment souvent détenir le secret et l’érigent en dogme, absolu et indiscutable. L’approche du symbole inverse le mouvement du dogmatisme, c’est-à-dire propose au lieu de prouver, interroge au lieu d’affirmer des vérités, exprime une question au lieu de vouloir posséder une réponse.