Phénix | Rite Ecossais Rectifié

Parmi les emblèmes du phénomène de mort-résurrection, le phénix qui renaît de ses cendres est l’un des symboles les plus évocateurs de l’apparition et de la disparition cycliques du soleil qui devint rapidement celui de la renaissance des êtres.

Le Phénix, oiseau mythique

On dit que c’est au 5ème siècle avant J.C. que le grec Hérodote rapporte d’Héliopolis, ville de l’Egypte ancienne, la légende du Benu (Bennou), le héron de Râ (Rè), le dieu du Soleil, sous le nom de  » Phénix « , qui signifie « rouge » en grec. Les auteurs les plus illustres d’Hésiode à Hérodote, les textes orphiques et pythagoriciens broderont également sur ce symbole puissant de mort et de renaissance. Le Phénix sera adopté plus tard par les Romains chez qui il était l’emblème de la force vitale éternelle de l’Empire. Certaines pièces de monnaies de l’époque étaient d’ailleurs frappées à son effigie.

Les récits mythiques concernant cet oiseau fabuleux varient sur différents points de détail, mais relatent à peu près la même histoire. Jean Ferré, dans son Dictionnaire des symboles maçonniques, s’exprime de la manière suivante :            « Quand le Phénix sentait sa mort proche, il s’exposait au soleil jusqu’à ce que les rayons le consument. De la moelle et des os sortait un œuf d’où émergeait un oiseau régénéré. »

Dans les légendes juives, le Phénix se nomme « Micham » et l’explication de son immortalité vient d’Eve qui, après avoir goûté du fruit de l’arbre interdit, réussit à tenter les animaux et à leur faire goûter aussi du fruit défendu. Seul l’oiseau Micham ne céda pas à la tentation. Pour cela, l’ange de la mort obéissant à Dieu lui offrit pour récompense de ne jamais connaître l’expérience de la mort. Depuis, tous les mille ans, l’oiseau brûle, il ne reste alors qu’un œuf qui se transforme en poussin et, ainsi, l’oiseau continue à vivre.

Le Phénix, dans la symbolique chrétienne

A la fin du 1er siècle, l’évêque Clément, qui présidait l’Église de Rome, envoya une lettre à la communauté de Corinthe afin de la soutenir et de l’exhorter sur les chemins de l’Évangile. Dans ce document, appelé l’Épître de Clément aux Corinthiens, le chapitre 1, XXV est consacré à la résurrection du Phénix. C’est probablement la première mention de cette légende dans la littérature chrétienne. Le Phénix figurera dans le bestiaire du Moyen Age élaboré par les chrétiens pour qui il fut le symbole et l’un des emblèmes du Christ ressuscité. L’Église utilisa très tôt l’antique symbole du phénix, oiseau mythique, pour mettre en relief un aspect christique essentiel, celui de la mort et de la résurrection du Christ.

Le Phénix apparaît également, dans la symbolique chrétienne, comme le mythe solaire du Christ qui a dit : « Je suis la lumière du monde ». Le Christ est appelé Chronocrator, ou « seigneur du temps » car il règle la marche du soleil. D’après certains mythes, le Christ Soleil descend aux enfers, comme le soleil après son coucher, pour revenir, par les chemins cachés du nord, à l’est matinal. Sous son aspect solaire, le Christ a deux attributs essentiels : la lumière et la chaleur, la lumière de la Sagesse et la chaleur de l’Amour. Le Christ se révèle ainsi comme celui qui conçoit tous les êtres en les illuminant des rayons de Son Être, et comme l’Amour infini qui donne la vie.

Un prochain article évoquera l’utilisation de l’emblème du Phénix dans la symbolique maçonnique, notamment dans celle du Rite Ecossais Rectifié.

Voir aussi la mort et la résurrection d’Hiram dans le livre de Jean-Claude Sitbon :

« Hiram, exégèses bibliques et maçonniques du mythe fondateur de la Franc-Maçonnerie »

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.