Le calendrier maçonnique, pour chiffrer l’année en cours, rajoute 4 000 ans à l’année du calendrier occidental. Le millésime obtenu est appelé « année de la Vraie Lumière ». Ainsi, l’an 2017, année de l’ère vulgaire, correspond à l’an 6017, année de la Vraie Lumière ou Anno Lucis en latin.

L’année de datation de nombre de documents ou de correspondances maçonniques du XVIIIe Siècle est écrite selon les deux systèmes. Notons que certains documents anglais de l’époque portent aussi le terme Anno Masonry ou Anno Latomorum qui sont des mentions antérieures à l’expression Anno Lucis.

L’« année de la Vraie Lumière » selon James Anderson

L’adjonction de 4 000 ans à l’année calendaire ordinaire pour obtenir l’année maçonnique fut utilisée par le pasteur James Anderson, l’auteur présumé des fameuses Constitutions dans lesquelles on peut lire sur la page titre de la première édition de 1723 : « In the Year of Masonery 5723 – Anno Domini 1723 ».

Certains estiment que cette méthode de chiffrage a été empruntée par Anderson à l’œuvre d’un savant prélat anglican, James Usher. Cet archevêque, né à Dublin en 1580, écrivit entre autres des Annales Verteris et novi Testamenti (1650-1654) qui contenait une chronologie débutant avec la création du monde selon le livre biblique Genèse, début du monde qu’il estimait, après de savants calculs, à 4 004 av. J.-C.

Anderson se rapproche de cette chronologie biblique dans la partie historique de ses Constitutions qui fait remonter l’origine de la Maçonnerie à la création du monde située, dans ce document, à quatre millénaires avant Jésus-Christ (4 000 ans pour l’ « Année de la Vraie Lumière » et non pas 4 004 comme Usher).

« Année de la Vraie Lumière » : année de la création du monde

N’oublions pas, en effet, que pour James Anderson, l’Adam biblique, le premier homme, est aussi l’ancêtre des Maçons. On lit, en effet, dans les Constitutions d’Anderson : « Adam, notre premier ancêtre, créé à l’image de Dieu, le Grand Architecte de l’Univers, dut avoir les Sciences libérales, particulièrement la Géométrie, inscrites dans son cœur, car depuis la chute même, nous trouvons ces principes [inscrits] dans le cœur de ses descendants… »

« L’année de la Vraie Lumière » est donc obtenue par un décompte qui commence à la création du monde selon la Bible. L’existence de la franc-maçonnerie remonterait ainsi au commencement des temps bibliques.

Certains pensent que le + 4 000 (qui donne l’ « année de la Vraie Lumière ») n’est qu’un arrondissement du + 3 761 de la tradition judaïque. Le calendrier hébraïque fait, en effet, remonter la création du monde à 3 761 ans avant notre ère suivant un décompte établi par des rabbins au IXe siècle. Par exemple, en septembre 2017, l’année hébraïque est passée au millésime 5 778. Des ateliers de perfectionnement du REAA utilisent ce système de datation et emploient l’expression Anno Hebraico, ou Année des hébreux, ou encore Anno Mundi.

Si l’expression « année de la Vraie Lumière » est usitée par les loges bleues, il n’est est pas de même pour les hauts grades. En effet, il existe d’autres calendriers maçonniques propres aux hauts grades, variables suivant les rites maçonniques, qui débutent avec des évènements particuliers. Le Dictionnaire de la franc-maçonnerie de Daniel Ligou nous fournit quelques exemples. Au grade de Royal Arch, le calendrier démarre avec le début de la reconstruction du Second Temple de Jérusalem par Zorobabel, date fixée à 530 avant J.-C. (anno inventionis). Au grade de « Royal and Select Master », le point de départ est la date de la dédicace du Temple de Salomon, soit 1 000 ans avant J.-C. (anno depositionis). Aux grades Templiers, on compte depuis la date de création de l’Ordre du Temple, soit 1118 après J.-C. (anno ordinis).

 

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.