Jean l’apôtre parle, dans son Evangile, de la « Vraie Lumière » qui est, ici, confondue avec le « Verbe », la Parole divine toute puissante et créatrice.

La notion de Parole originelle fécondante, de Verbe comme la première manifestation divine, avant que rien n’ait encore pris forme, se retrouve dans les conceptions cosmogoniques de beaucoup de traditions, notamment dans la Bible dans les premiers versets du livre Genèse ainsi que dans le prologue de l’Evangile de Jean.

Dans l’article précédent, nous avons vu que le calendrier maçonnique, pour chiffrer l’année en cours, rajoute 4 000 à l’année du calendrier occidental. Le millésime obtenu est appelé « année de la Vraie Lumière ». Nous avons vu également que, pour les initiateurs britanniques du 18ème siècle de ce type de décompte,  » l’année de la vraie Lumière » se calcule en remontant à la création du monde selon la Genèse biblique.

La « vraie Lumière » : la Lumière du commencement

Cette expression de « vraie Lumière », nous la retrouvons dans le texte du prologue de l’Evangile de Jean qui débute ainsi : « Au commencement était la Parole (le Verbe, le Logos) et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était, au commencement, auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. » (Jean 1, 1-3) Quelques versets plus loin, cet Evangile précise : « … Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde » (Jean 1, 9).

Ces extraits de textes du prologue de Jean peuvent être rapprochés des premiers versets du livre Genèse qui présentent Dieu comme « Le Créateur » qui est à l’origine de tout ce qui existe.

Le premier acte de la Création c’est la « Lumière » : « Dieu dit que la lumière soit ; et la lumière fut » (Genèse 1, 3).       Nous avons ici une première idée de la « vraie Lumière » qui correspond à la Lumière du commencement, à la Lumière créatrice.

Dans un précédent article, nous écrivions que cette lumière primordiale n’est pas celle du soleil et de la lune, qui n’ont été créés, dans le récit biblique, que le quatrième jour, et encore moins celle de nos lampadaires. C’est une lumière d’un autre ordre car elle est directement issue de la parole divine : « Dieu DIT que la lumière soit ; et la lumière fut ».

Vraie Lumière, Lumière du Vrai, Lumière de la Vérité…

La « Vraie Lumière », c’est la Parole, le Logos, le Verbe

Dieu DIT que les eaux d’en haut se séparent des eaux d’en bas (Genèse 1, 6), que la terre sèche apparaisse (Genèse 1, 9), que la terre produise des arbres, des plantes (Genèse 1, 11), que les eaux produisent des poissons et des oiseaux (Genèse 1, 21). Puis Dieu DIT : « Faisons l’homme à notre image » (Genèse 1, 26), etc… Ainsi, Dieu, par la Parole, ordonne la Création ; Il sépare la lumière des ténèbres, et le ciel de la terre.

La première manifestation de Dieu, dans le livre Genèse, est donc verbale ; la seule puissance de sa parole Lui permet, à l’origine, de créer le monde, de mettre de l’ordre dans le chaos. De même le prologue de l’Evangile de Jean nous parle de la puissance initiale du Verbe au commencement des choses, du Verbe porteur du germe de la Création.

Au Rite Ecossais Rectifié, lors de l’invocation au Grand Architecte de l’Univers, à l’ouverture des travaux de la Loge, le Vénérable Maître dit :  » Etre éternel et infini … O toi ! qui par Ta parole toute puissante a donné l’être à tout ce qui existe… »

Pour la tradition chrétienne, le « Verbe » désigne aussi le Christ qui est ainsi la « vraie Lumière ». Cette Lumière, c’est le Fils de Dieu « reflet resplendissant de la gloire du Père »(Lettre aux Hébreux), il est « la Lumière née de la lumière ».

En effet, la doctrine chrétienne nous dit que, Jésus, engendré par l’Esprit Saint existait déjà avant sa conception., qu’il fut le premier être créé par Dieu, avant même la création du monde, en fait qu’il existait de toute éternité comme Dieu son Père.

 

         

A propos de l'auteur Voir tous les posts

JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.