Rien n’est séparé de rien, tout est lié à tout par une texture invisible affirment de nombreux ésotéristes.
Le visible cache l’ invisible
Pour le Rabbi Elé’azar, « il y a deux mondes : un monde caché et un monde révélé. Mais ces deux mondes ne forment en réalité qu’un seul monde ». Emmanuel Swedenborg dans son livre La Nouvelle Jérusalem écrit « L’univers visible est lié par une union indissoluble à l’univers immatériel, le tout est un par essence et varié par nature ».
Jean Hani nous indique que « Pour l’homme traditionnel (homo religiosus), le monde visible, où se déroule sa vie terrestre, n’a de sens, de cohérence et de permanence que par référence à l’Invisible dont il est la manifestation sensible, qui le fonde, le fait être et durer. »
Il apparaît ici l’idée qu’une puissance invisible et féconde, un monde qu’on ne voit pas est à l’origine de tout ce qui se voit. L’univers visible est ainsi la manifestation ou l’expression de la puissance créatrice invisible : « ce qui est visible n’est que le reflet de l’invisible », « si tu veux percevoir l’invisible, observe le visible », dit le Talmud.
L’Evangile apocryphe de Thomas fait tenir à Jésus ces propos : « Reconnais ce qui est devant ton visage et ce qui t’es caché te sera dévoilé. Il n’y a rien de caché qui ne sera manifesté. » En fait, on pourrait dire ici que le visible cache l’invisible : « l’intérieur des choses est ce qui est caché sous l’apparence visible des formes, leur secret intime que le regard ne peut atteindre » (Louis Claude de Saint Martin).
La modernité et le refus de l’ invisible
Tous ces propos tenus peuvent paraître surprenants à beaucoup car la modernité a évacué la notion d’invisible ou du moins l’a-t-elle souvent réduite au rang des fantasmes humains ou d’une vaine spéculation entretenus par les charlatans de l’occultisme ou du spiritisme. Le grand scientifique athée Laplace a dit : « Dieu, je n’ai pas besoin de cette hypothèse ». Par définition, le scientifique qui s’intéresse au visible et au quantifiable peut ne pas avoir besoin de l’hypothèse « Dieu » puisque Dieu c’est l’immatériel, c’est ce qui est au-delà de la physique, c’est le métaphysique par définition.
Julien Green a écrit : « Le grand péché du monde moderne, c’est le refus de l’invisible. » L’homme, même s’il reste, par sa nature, fondamentalement attaché au visible, ne peut pas être réduit qu’à un amas de molécules ou de cellules, il n’est pas qu’une machine animale, il y a en lui une dimension transcendante mystérieuse, insaisissable, immatérielle, spirituelle.
Antoine de Saint Exupéry, dans son livre » Le petit prince « , n’a t-il pas écrit : « l’essentiel est invisible pour les yeux » ?