Le symbolisme des nombres, de même que les mots, signes, objets, couleurs ou gestes, représentent une des sources importantes de la spéculation maçonnique.
L’approche du nombre en tant que symbole est souvent difficile et ardue car elle nécessite l’acceptation d’une certaine abstraction de la pensée, susceptible de transcender nos limites rationnelles. Il faut reconnaître à la symbolique maçonnique des nombres, notamment au Rite Ecossais Rectifié, un caractère parfois étrange et dérangeant pour les esprits strictement rationnels ou conformistes.
Les nombres-idées
Dans son ouvrage Timée, Platon distinguait le nombre scientifique et le nombre-idée. C’est le nombre idée qui est à même de stimuler notre imagination, d’enrichir notre méditation et notre quête intérieure.
La science des nombres ésotériques remonte à la nuit des temps. Pythagore enseignait que « Tout est arrangé d’après le nombre ». Pour Platon, seul celui qui connaissait la réalité du nombre parvenait au plus haut degré de la connaissance humaine.
L’école néo pythagoricienne indique : « Le chaos primitif, manquant d’ordre et de forme, (..) fut organisé et ordonné d’après le Nombre. Tout ce que la nature a arrangé systématiquement dans l’univers paraît, dans ses parties comme dans l’ensemble, avoir été déterminé et mis en accord avec le Nombre, par la prévoyance et la pensée de celui qui créa toutes choses ».
Pour les Grecs mais aussi pour le Hindous et les Taoïstes, le nombre est avant tout un principe spirituel, une entité métaphysique qui tisse l’ordre cosmique. La tradition biblique révèle elle-aussi que tout a été créé avec « nombre, poids et mesure » (Sagesse 11, 20).
Les nombres au RER
L’emploi et le symbolisme des nombres au RER présentent plusieurs particularités, dues essentiellement à l’influence qu’a exercée sur ce rite la doctrine de Martinès de Pasqually. Le théurge affirme : « Tout nombre était coéternel avec le Créateur, et c’était par ces différents nombres que le Créateur formait toute figure, toutes ses conventions avec sa créature ». Chez cet auteur, le nombre est ainsi un instrument divin ; il évoque les principes d’organisation cosmique et les fonctions qui révèlent la puissance créatrice.
J.B. Willermoz, adepte de Martinès de Pasqually et architecte principal du Rectifié, écrivait : « Tout a été fait par nombre, poids et mesure. Le nombre est la base et le principe constitutif des corps, le poids est le mélange ou l’amalgame des éléments, la mesure détermine la forme, l’étendue et les dimensions des corps ».
Louis Claude de Saint-Martin, philosophe et théoricien des nombres ésotériques proche de Willermoz, souligne que « Les nombres ne sont que la traduction abrégée ou le langage concis des vérités et des lois dont le texte et les idées sont en Dieu, dans l’Homme et la Nature ».