Il est généralement reconnu que l’expression « franc-maçon » provient d’une traduction de l’anglais freemason (ou free-mason) dont le sens connaît plusieurs interprétations parfois divergentes.

Les chercheurs nous disent que la forme anglaise freemason semble avérée en Angleterre depuis le 14ème siècle, notamment dans un document de la Mason Company de Londres datant de 1376. On retrouve également ce vocable dans les manuscrits d’origine anglaise de la Maçonnerie opérative, appelés  » Old Charges  » ou  » Anciens Devoirs « , tels que par exemple le Regius (1390) ou le Cooke (1410).

Notons que, « en Écosse, l’expression free mason n’existe pas, les membres des loges n’y étant connus que comme masons (qui éventuellement sont précisés accepted masons ou gentlemen masons). » (Bnf)

L’usage du terme freemason transposé en français, franc-maçon, n’est, quant à lui, attesté que dans les années 1730 / 1740, notamment dans le fameux discours du Chevalier Michel de Ramsay publié en 1736 et complété en 1737. A cette même époque, on observe également les traductions « free-maçons », « frimasson » ou « frey-maçon ». Dans la langue allemande, on trouve le mot « freimaurer ».

Le franc-maçon opératif

Le mot freemason oblige à supposer un lien avec le métier de maçon opératif, ouvrier de la pierre travaillant dans la construction, et plus particulièrement avec les communautés de bâtisseurs de cathédrales de l’époque médiévale.

Le mason fait partie des nombreux artisans aux compétences diverses regroupés sur les chantiers médiévaux d’édifices religieux. « … Ainsi en 1253, sur le site de la cathédrale de Westminster, on dénombre 39 tailleurs de pierre, 15 marbriers, 26 maçons poseurs, 32 charpentiers, 2 peintres, 13 polisseurs de marbre, 19 forgerons, 14 verriers, 4 plombiers, soit en tout 167 artisans auxquels s’ajoutent plus de 200 manœuvres. » (Source : Site « Passerelles » de la Bibliothèque Nationale de France)

Dans toute l’Europe chrétienne, en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne, mais aussi en Italie et en Espagne notamment, les maçons, comme beaucoup d’autres métiers, s’organisent, suivant les époques et les lieux, en « guildes », « compagnies », « corporations » ou « confréries »…

Ces associations professionnelles, réunissant les artisans d’un même corps de métier, semblent faire leur apparition à partir du 11ème siècle. Elles permettent à leurs membres de se porter entraide et secours mutuel, mais également de défendre et de protéger leur savoir-faire (les secrets du métier), voire leur monopole professionnel. Certains de ces groupements de métier (notamment les confréries), à buts charitables et d’inspiration religieuse, étaient placés sous le patronage d’un saint.

Le « franc » de « franc-maçon »

De ces informations sommaires concernant l’origine du terme freemason, on pourrait dire que le franc-maçon d’aujourd’hui est en quelque sorte l’héritier direct des loges de compagnons et des maîtres bâtisseurs de l’époque médiévale. Ceci pourrait confirmer la théorie de la filiation opérative de la franc-maçonnerie dite spéculative. Mais l’affaire n’est pas si simple car les origines de la franc-maçonnerie moderne demeurent une question encore controversée, sujette aux polémiques.

Pour être complet, il nous reste maintenant à étudier le free de freemason (le franc de franc-maçon), ce qualificatif qui apparaît pour la première fois comme associé à la désignation d’un artisan.

Nous verrons, dans deux prochains articles, que le sens de ce vocable connaît des interprétations étymologiques différentes.

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.