L’introduction des croisés dans l’histoire de la Franc-Maçonnerie est due aux fameux Discours de Ramsay de 1736 et 1737.

Les deux versions écrites (1736 et 1737) de ce discours constituent le point de départ doctrinal de la Maçonnerie templière et de l’Écossisme des hauts-grades maçonniques.

Le fameux discours de Ramsay décrète une nouvelle origine de la Franc-Maçonnerie

Andrew Michael Ramsay (1646 – 1743), d’origine écossaise, Chevalier de l’Ordre de Saint-Lazare, catholique converti, prononce un discours (voir texte) au sein de la Loge française Saint-Thomas à Paris, le 26 décembre 1736. La Loge Saint Thomas n° 15 est présentée comme la première Loge maçonnique créée à Paris en 1725 ou 1726. En 1736, elle est bien une Loge française mais d’origine anglo-saxonne.

Ce Discours de Ramsay est considéré comme une instruction de bienvenue qui s’adresse à de nouveaux initiés. Il débute, en effet, de la manière suivante : « La noble ardeur que vous montrez pour entrer dans l’ancien et très illustre Ordre de francs-maçons est une preuve certaine que vous possédez déjà toutes les qualités nécessaires pour en devenir les membres. Ces qualités sont la philanthropie (dans d’autres versions : l’Humanité, la Morale pure), le Secret inviolable et le goût des beaux-arts… »

Ramsay écrivit, une deuxième version de son discours maçonnique l’année suivante. Une partie des historiens nous disent que ce discours de 1737 (voir texte) ne fut pas lu à cause du cardinal Fleury, ministre de Louis XV et hostile à la Franc-Maçonnerie, qui s’y opposa.

Les croisés, ancêtres de la Franc-Maçonnerie ?

Ramsay introduisit les Croisés dans l’histoire de la Franc-Maçonnerie. Dans la version 1737 de son discours, il situait en effet les origines de l’Ordre maçonnique au temps des croisades : « Nos ancêtres, les croisés, rassemblés de toutes les parties de la Chrétienté dans la Terre Sainte, voulurent réunir dans une seule confraternité les sujets de toutes les nations… ».

Certains systèmes maçonniques, comme la Stricte Observance Templière (SOT), dans les années 1750, entretint l’idée que, lors de la condamnation du Temple, certains chevaliers s’étaient enfuis en Écosse afin de poursuivre l’idéal Templier, d’où une explication possible de l’appellation des grades dits « écossais ». En retenant comme référence, la chevalerie chrétienne et l’Ordre du Temple (institution catholique romaine médiévale), l’Écossisme re-catholicisait la doctrine maçonnique.

Ramsay évoque, dans son texte de 1737, que « quelques-uns font remonter notre institution jusqu’au temps de Salomon, de Moïse, des Patriarches, de Noé même. Quelques autres prétendent que notre fondateur fut Enoch … qui bâtit la première ville et l’appela de son nom. » Mais il considère qu’il s’agit là de fantasmes et de légendes :      « Je passe rapidement sur cette origine fabuleuse, pour venir à notre véritable histoire. »

Dans la suite de son texte, Ramsay affirme présenter « notre véritable histoire » (celle de la Franc-Maçonnerie) qu’il a « pu recueillir dans les très anciennes Annales de l’Histoire de la Grande-Bretagne, dans les actes du Parlement d’Angleterre, qui parlent souvent de nos privilèges, et dans la tradition vivante de la Nation Britannique, qui a été le centre et le siège de notre Confraternité depuis l’onzième siècle. »

Les historiens s’entendent pour considérer ces propos de Ramsay comme dénués de fondements historiques.

A la tradition opérative et aux rites du métier de constructeur, racontés par les Constitutions d’Anderson et maintenus par la Grande Loge de Londres, est ainsi rajoutée une origine et une tradition chevaleresques. Une partie de la Franc-Maçonnerie de l’époque préféra-t-elle se regarder comme descendante de la chevalerie de ses ancêtres plutôt que d’une confrérie d’ouvriers de la pierre ?

Notons que, peu de temps après le discours de Ramsay, soit le 28 avril 1738, le Pape de l’époque prononça l’excommunication de l’ensemble de la Franc-Maçonnerie.

A LIRE !
Le numéro 189 de la revue RENAISSANCE TRADITIONNELLE, daté de janvier 2018 et titré               « Encore Ramsay ! », est entièrement consacré à l’œuvre du Chevalier de Ramsay
et à l’atmosphère intellectuelle dans laquelle ont baigné les premières années
de la Franc-Maçonnerie notamment en France.

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.