L’idée selon laquelle l’ âme survit après la mort remonte à la nuit des temps, par exemple chez les ancêtres lointains des tribus animistes d’Afrique. Pour les Egyptiens, « l’ âme, après la mort, va se joindre aux étoiles innombrables » ou « se fondre dans l’âme universelle qui habite le soleil. »

En Occident, la croyance en l’immortalité de l’ âme apparaît en Grèce au 6ème siècle avant Jésus-Christ à travers l’orphisme, courant religieux issu du mythe d’Orphée, enseignant à la fois l’immortalité de l’ âme et la réincarnation. Disciple de l’orphisme, le philosophe Pythagore n’acceptait pas que la vie s’achève par la mort ! A son tour, il influence fortement Platon (427-347 av. J. C.) pour qui l’âme est immortelle et de nature divine. Platon cherche à prouver cela dans toute son œuvre, notamment dans le Phédon : «Ce qui est divin, immortel, intelligible, ce qui est indissoluble et possède toujours en même façon son identité à soi-même, voilà à quoi l’ âme ressemble le plus. »

Le postulat de l’immortalité de l’ âme

L’Ancien et le Nouveau Testament ne parlent nulle part de l’immortalité de l’ âme. Au contraire, les Écritures déclarent que « l’ âme qui pèche, est celle qui mourra » (Ézéchiel 18, 20) ou encore « …craignez plutôt celui qui peut faire périr l’ âme et le corps dans la géhenne… » (Matthieu 10, 28). Si la résurrection des morts est bien enseignée dans la Bible, les Ecritures n’emploient jamais l’expression « immortalité de l’ âme » ! Si les mots âme et esprit y apparaissent plus de 1 600 fois, dans aucun cas, ils ne sont qualifiés par l’adjectif immortel (le). Par définition, Dieu seul connaît l’immortalité : « le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l’immortalité… » (1 Timothée 6,16).

Le principe de l’immortalité de l’ âme va s’imposer aux Pères de l’Eglise qui l’adoptent et tentent de l’affiner, avant de l’intégrer au christianisme et d’en faire le principal fondement de l’espérance chrétienne.

Le postulat de l’immortalité de l’âme a été introduit par le concile de Latran V en 1513 et il fait partie de l’enseignement officiel de l’Eglise catholique dont le catéchisme déclare : « Chaque âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu – elle n’est pas produite par les parents – ; l’Eglise nous apprend aussi qu’elle est immortelle : elle ne périt pas lors de la séparation du corps dans la mort, et s’unira de nouveau au corps lors de la résurrection finale. »

L’immortalité de l’ âme et le RER

Le Rite Ecossais Rectifié (RER) postule pour cette thèse théologique de « l’immortalité de l’ âme » clairement affichée dans sa Règle maçonnique :

« Souviens-toi sans cesse que l’homme fut le chef d’œuvre de la création, puisque Dieu même le créa à son image et sa ressemblance. Sois pénétré de la nature immortelle de ton âme et sépare avec soin ce principe céleste et indestructible des alliages étrangers. »

« Tout ce qui végète autour de toi et n’a qu’une vie animale, périt avec le temps et est soumis à ton empire ; ton âme immortelle, seule, émanée du sein de la Divinité, survit aux choses matérielles et ne périra point (…) sépare avec soin ce principe céleste et indestructible des alliages étrangers ; cultive ton âme immortelle et perfectible, et rends la susceptible d’être réunie à la source pure du bien, lorsqu’elle sera dégagée des vapeurs grossières de la matière. C’est ainsi que tu seras libre au milieu des fers, heureux au sein même du malheur, inébranlable au plus fort des orages et que tu mourras sans frayeur. »

   

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.