Le Cosmos | Rite Ecossais Rectifié

Le mot  » cosmos «  provient du grec kosmos qui, chez les philosophes, désignait l’ordre du monde.

Pythagore pensait à un univers structuré par les nombres, c’est-à-dire harmonieusement crée et ordonnancé par son créateur. « Dieu a tout réglé avec les mesures, les nombres et les poids », lit-on dans le « Livre de la Sagesse de Salomon » rédigé au cours du 2ème siècle avant notre ère. Dans le livre biblique de la Genèse, le déploiement de la lumière éveille les formes enfermées dans le magma originel. C’est l’interprétation symbolique du Fiat Lux, qui est illumination, ordonnance du chaos primordial, du tohu-bohu. Le cosmos succède au chaos c’est à dire l’ordre et l’organisation au désordre. »

 Le cosmos dans la pensée traditionnelle

Pour la pensée traditionnelle, le cosmos désigne donc un univers ordonné, hiérarchisé et régi par des lois et des principes à caractère divin, ou du moins relevant d’un principe organisateur. Le cosmos indique ici un ensemble cohérent, un système ordonné de relations, un Tout composé de parties séparées et mises dans leur bon ordre. Rapprochons ce postulat traditionnel d’un ordre du cosmos harmonique, du soin avec lequel les rituels maçonniques accordent tant d’importance à la vérification, lors de l’ouverture des travaux, que le Temple est bien à couvert, à l’abri des agitations du monde profane, que tout est bien à sa place et qu’il est la bonne heure, en fait, que tout est en ordre. Ceci nous conduit à établir, une nouvelle fois, une analogie entre le temple maçonnique et le cosmos où tout a une place et une fonction définies dans un ensemble organisé.  

Lorsque le Vénérable Maître demande à tous les Frères, au début des travaux, de se mettre à l’ordre, il demande à chacun d’abandonner l’agitation et la matérialité et ainsi de « se mettre en ordre » afin de laisser place à la concentration et à la spiritualité. « A l’ordre, mes Frères » sonne comme un rappel au Maçon qui doit s’efforcer de bâtir un édifice, de réaliser une œuvre qui réponde à l’ordre cosmique, aux lois de l’équilibre et de l’harmonie. « Le cosmos est l’archétype idéal à la fois de toute situation créatrice et de toute création », écrit Mircea Eliade. 

L’ordre du cosmos est donné, il est « déjà là », il est « fait », il est un ordre que le Maçon doit s’efforcer de connaître, alors que l’ordre humain, l’ordre de l’homme, n’est pas donné, n’est pas fait, il est à faire, il est à bâtir, il est à conquérir et à créer par une imitation de l’ordre cosmique lui-même. « Faire bien quelque chose, œuvrer, construire, créer, structurer, donner forme, informer, former, tout ceci revient à dire qu’on amène quelque chose à l’existence, qu’on lui donne vie, et, en dernière instance, qu’on le fait ressembler â l’organisme harmonieux par excellence, le cosmos », écrit Mircea Eliade.

Le cosmos, œuvre d’ordre divin 

« Travailler à la gloire du Grand Architecte de l’Univers » prend ici tout son sens si l’on a établi l’idée que le Maçon se doit de collaborer au Grand Œuvre du Grand Architecte de l’Univers en essayant de réaliser une œuvre en conformité avec sa signification d’ordre, de bonté et de justice. Le Maçon manifeste ainsi son attachement à l’idée d’un univers, cosmique et humain, qui échappe au simple jeu du hasard et du destin, et où l’ordre l’emporte sur le chaos, la vie sur la mort, la fraternité sur la haine, la Lumière sur les ténèbres.  

Pour Mircea Eliade, le cosmos « est l’œuvre exemplaire des dieux, c’est leur chef-d’œuvre ». En tant qu’œuvre divine, le cosmos «  est donc sanctifié dans sa structure même. Par extension, tout ce qui est parfait, plein, harmonieux, fertile, en un mot : tout ce qui est cosmisé, tout ce qui ressemble à un Cosmos, est sacré. », écrit encore Mircea Eliade.

Au Rite Ecossais Rectifié, le Vénérable Maître prononce une invocation qui demande au Grand Architecte de l’Univers de « bénir et de diriger lui-même nos travaux ». Tout ceci confère à la symbolique de ce Rite un caractère de « cosmologie sacrée ». Les symboles cosmologiques ou cosmogoniques induisent la présence du sacré dans l’ordre naturel.

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.