Midi | Rite Ecossais Rectifié -2

Lors des travaux en loge maçonnique, il est de coutume de s’informer de l’heure au début et à la fin des tenues, les rituels indiquent toujours qu’il est midi à l’ouverture des travaux et minuit lors de leur fermeture. Ainsi, symboliquement, tous les maçons du monde travaillent à la même heure …

Midi, heure du partage

Etymologiquement, le mot « midi » est composé de l’ancien français mi « qui se trouve au milieu de » et de di, jour représentant du latin dies, conservé dans tous les noms de la semaine. Midi divise donc la durée du jour en deux parties égales.

Midi peut donc être considéré comme une heure d’équilibre et d’harmonie qui invite au partage.

Dans sa position au zénith, le soleil se trouve au milieu du ciel ; il est à égale distance de ses deux bornes. Ce qui fait que cette heure est souvent attachée à l’idée de la Justice. On peut lire dans la Bible : « La justice du fidèle éclatera comme le plein midi ». A Babylone, Shamash (le Soleil) était considéré comme le « dieu de la justice » et le « seigneur du jugement« . Le Christ lui-même est appelé « soleil de justice« .

Midi ou la plénitude absolue de la lumière

En quête de lumière, les travaux de la loge maçonnique ouvrent à midi, car c’est l’heure la plus lumineuse, la plus chaleureuse, donc propice au travail. C’est le point culminant de la marche du soleil dans sa course céleste. La lumière est à son paroxysme, le soleil s’est rendu maître du ciel et répand sa lumière éclatante sur toute la terre.

C’est l’heure où le soleil est au plus haut, où il dispense la plus forte chaleur et le plus de lumière au monde. L’heure où la luminosité est maximale, la lumière est opulente, rayonnante. La loge est ouverte à la lumière crue, brillante au zénith.

Midi, la lumière sans ombre

A l’approche de midi, le mouvement du soleil paraît plus lent, l’ombre des objets, à mesure que l’astre monte au-dessus de l’horizon, diminue toujours avec plus de lenteur. A midi, est atteint ce moment de plénitude solaire où jaillit une lumière resplendissante, c’est l’instant privilégié où le soleil ne laisse plus de place aux ombres. A midi, pendant un instant, les formes réelles, les contours et les ombres se confondent. Le poète Khalil Gibran évoque ce moment mystérieux où l’ombre disparaît : « cette ombre qui s’étend devant moi au lever du soleil et qui se ramassera sous mes pieds à l’heure du midi. »

Ecoutons également cette belle parabole trouvée dans un livre intitulé L’Ordre des templiers de John Charpentier :

« Celui qui marche en tournant le dos au soleil suit son ombre comme un chien suit son maître. Celui qui marche à côté du soleil est accompagné par son ombre comme un ami fidèle. Celui qui marche vers le soleil est suivi par son ombre comme par son serviteur. Celui qui marche avec le soleil à son zénith est débarrassé de son ombre. »

Lorsque le soleil est à son zénith, l’homme, debout, ne présente plus aucun angle avec son ombre, semblable à la perpendiculaire qui relie le haut et le bas dans une parfaite verticalité.

Il y a de l’obscurité dans la lumière et de la lumière dans l’obscurité sauf au moment précis de midi. L’absence d’ombre à ce moment du jour signifie que la loge est symboliquement inondée par une lumière immaculée, la lumière la plus pure. « … entrons dans les voies qui nous sont ouvertes pour perfectionner nos travaux, et que la lumière la plus pure nous aide à les vérifier », dit le Vénérable Maître lors de l’ouverture des travaux des loges du Rectifié.

« Il est midi plein », dit le rituel, nous ne pouvons ajouter ne serait-ce qu’une fraction de temps en plus sans que cela ne déborde. La coupe est pleine, la limite maximum est atteinte. Midi est « plein » car il contient toute la quantité possible de lumière. La lumière qui brille à ce moment du jour, puisqu’elle est pleine, n’admet aucune restriction, aucune demi-mesure. C’est le Tout à qui il ne manque rien, c’est le triomphe absolu de la luminosité.

Midi | Rite Ecossais Rectifié

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.