Voyages | Rite Ecossais Rectifié

Le Vénérable Maître, après s’être assuré de la sincérité des désirs du candidat pour sa réception au 1er grade du Rite Ecossais Rectifié, de la fermeté de ses résolutions et du consentement de la Loge, livre le candidat « aux épreuves antiques sans lesquelles il ne pourrait pas être reçu ». Ces épreuves sont figurées par trois voyages qui ont pour but de « lui procurer la Lumière s’il la cherche sincèrement ».

L’épreuve des voyages 

Le rituel du grade d’apprenti du Rectifié insiste sur la pénibilité de ces voyages pendant lesquels le candidat va éprouver et subir la « rigueur des éléments » : « condamné à des voyages pénibles pour lui apprendre qu’il n’obtiendra rien sans travail, sans efforts et sans sacrifices ». Les voyages constituent donc une véritable épreuve ; les difficultés qui vont y être rencontrées préfigurent en quelque sorte la quête maçonnique qui, elle aussi, nécessite travail, effort et sacrifices.

Cette difficulté des voyages est également soulignée par le rituel qui mentionne que les trois voyages figurent les trois états du candidat : « au premier, il est Cherchant ; au deuxième, il est Persévérant ; au troisième, il est Souffrant« .

La souffrance dont il est ici question peut se comprendre car le candidat est « dépouillé de tous métaux », ces métaux qui symbolisent les choses matérielles. Pour le Rite Ecossais Rectifié, le maçon « ne peut pas faire un pas vers la vérité sans avoir renoncé volontairement à tous les liens séducteurs des Etres sensibles ». On veut ainsi  avertir le maçon des choses illusoires et des leurres clinquants de la matérialité, des dangers des préjugés et des raisonnements tout faits et empreints de la seule rationalité. Nous comprenons que la lutte contre ces tendances représente une souffrance pour tout homme.

Voyages mystérieux

Notre rituel qualifie aussi ces voyages de « mystérieux », mystérieux car le sens et la portée symbolique des voyages sont d’une intense richesse. De nombreuses questions peuvent être posées : pourquoi le nombre trois est-il associé aux voyages ? Que signifient les éléments qui y sont rencontrés ? Pourquoi l’ordre et le lieu dans lesquels ils sont présentés au candidat ? Pourquoi l’épée sur le cœur ? Pourquoi une halte et le bruit du tonnerre à la fin de chaque voyage ? Que signifient les maximes données  au candidat par le Vénérable Maitre ?…

Mystérieux aussi car la « route est inconnue », pour le candidat « sans lumière, dans une nuit profonde ». C’est un sacré voyage qui est entrepris car, comme écrit le Frère Jean Verdun : « A la différence des autres voyages, le voyage initiatique ne vise pas à révéler le déjà révélé mais à exercer l’intelligence du caché ».

Mystérieux enfin, car dans tout voyage, on quitte quelque chose de sûr (ou du moins que l’on croit sûr !) pour aller vers quelque chose d’inconnu ou d’incertain : « Pour parvenir à ce que vous ne savez pas, allez où vous ne savez pas », écrivait St Jean de la Croix.

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.