Dépouillement des métaux | Rite Ecossais Rectifié -2

Dans tous les rites maçonniques, le maçon doit laisser ses métaux à la porte du Temple.

En disant cela, la tradition maçonnique colle à la tradition biblique qui entretient l’idée du caractère négatif des métaux lorsqu’on lit, par exemple, cette terrible sentence dans Ezéchiel 22, 20 : « Comme on rassemble l’argent, l’airain, le fer, le plomb et l’étain, dans le creuset, et qu’on souffle le feu pour les fondre, ainsi je vous rassemblerai dans ma colère et dans ma fureur, et je vous mettrai au creuset pour vous fondre. » L’épisode de la construction de l’idole du veau d’or (l’or, le métal par excellence) dans Exode 32, 1-7 est le plus emblématique de la perversion du peuple hébreu et du courroux divin qu’elle entraîne.

Le désir de « métaux »

Le « dépouillement des métaux » des rites maçonniques revêt une signification d’ordre moral et philosophique. On lit, par exemple, dans le Rite Ecossais Rectifié : « … on vous en a dépouillé pour vous faire sentir les dangers d’y être trop attaché et pour vous apprendre qu’il faut vous replier sur vous-même pour vous procurer des jouissances plus vraies et plus durables. »

On peut dire, en effet, que le désir « de métaux » provoque l’envie, porteuse du chagrin et de la haine qu’on ressent du bonheur, des succès, des avantages d’autrui. Ce type de désir entraîne aussi la soif de pouvoir, l’avidité d’argent, d’honneurs, de jouissances matérielles ou physiques. Le Rite Ecossais Rectifié nous informe qu’un trop grand attachement à ces objets est néfaste : « Toutes les jouissances figurées par les bijoux et les métaux sont sujettes aux vicissitudes de la fortune, et souvent exposent l’homme à des privations pénibles… » Le dépouillement des métaux nous apprend à ne pas nous laisser tromper par les apparences et « à ne mettre aucune confiance dans les choses illusoires ». Les métaux symbolisent ici des leurres clinquants qui font tomber l’homme dans le piège de la matérialité.

Le rejet des métaux

Le Rite Français et le Rite Ecossais Ancien Accepté établissent formellement, dans leurs rituels, le lien entre le dépouillement des métaux du maçon en loge et la construction du Temple de Salomon pendant laquelle on n’entendit « aucun bruit causé par aucun outil composé de métal » ou « aucun bruit de marteau ». Le Rite Ecossais Rectifié indique, quant à lui, que la mise en œuvre des matériaux s’effectua sans « aucun bruit d’aucun outil ». Ces assertions sont conformes au texte biblique : « Lorsqu’on bâtit la maison, on se servit de pierres toutes taillées, et ni marteau, ni hache, ni aucun instrument de fer ne furent entendus dans la maison pendant qu’on la construisait. » (I Rois 6, 7)

On peut aussi considérer, d’un point de vue allégorique, que le Temple dont parlent les rituels constitue un symbole du temple intérieur que tout maçon doit bâtir en lui-même. La construction de ce temple immatériel ne peut être que le fruit d’un travail qui met en œuvre les forces spirituelles et morales du maçon, ce travail est celui du cœur et de l’esprit, indépendant des forces physiques dont les outils et les métaux sont ici l’emblème.

Dépouillement des métaux | Rite Ecossais Rectifié -1

 

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.