Temple de Salomon | Construction | Rite Ecossais Rectifié -2

Lors de la construction du Temple, l’on n’entendit « aucun bruit causé par aucun outil composé de métal » nous dit le Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA). La formulation du Rite Français est quasi-identique : « … lorsqu’on bâtit le Temple de Salomon, on n’entendit aucun bruit de marteau, ou d’autres outils, composés d’aucun métal ». Le Rite Écossais Rectifié (RER) indique, quant à lui, que la mise en œuvre des matériaux employés à la construction du Temple s’effectua sans « aucun bruit d’aucun outil ».

Ces assertions sont conformes au texte biblique : « Lorsqu’on bâtit la maison, on se servit de pierres toutes taillées, et ni marteau, ni hache, ni aucun instrument de fer ne furent entendus dans la maison pendant qu’on la construisait. » (I Rois 6, 7)

Le Rite Français et le REAA établissent formellement, dans leurs rituels, le lien entre cette absence d’outils métalliques pour la  construction du Temple de Salomon et le dépouillement de tous métaux du Maçon en loge. Le RER souligne, pour sa part, fait correspondre l’absence de bruit et « … le profond silence qui a régné dans la Loge après que vous ayez été remis entre les mains des surveillants… »

Les rituels maçonniques se demandent « Comment a-t-on pu élever un si vaste et solide édifice, sans le secours d’aucun instrument en métal ? » (REAA) Les réponses données à cette interrogation ne manquent pas de surprendre :

« Les matériaux qui furent employés à la construction du Temple de Salomon avaient été si bien préparés que l’on n’entendit le bruit d’aucun outil pour les mettre en œuvre », nous dit le RER. Le Rite Français est plus précis encore : « Hiram, roi de Tyr, envoya à Salomon, les Cèdres du Liban, tous taillés et prêts à poser, et Salomon en fit faire autant dans les carrières, des pierres dont il avait besoin pour son Temple ».

Comment comprendre que les pierres, servant à la construction du temple, aussi bien coupées, taillées et polies soient-elles, ne nécessitèrent l’utilisation d’aucun outil pour leur assemblage ou pour leur ajustement… ? Faut-il croire à l’ingéniosité exceptionnelle de la Maçonnerie de cette époque qui fit que, lorsque les matériaux furent assemblés, ils s’emboîtaient et s’ajustaient de façon parfaite ? D’un point de vue strictement opératif, cette situation paraît difficilement plausible.

Temple de Salomon | Construction | Rite Ecossais Rectifié

Temple immatériel

C’est donc dans l’allégorie que ce fait étrange peut trouver une signification. Le silence pendant la construction du Temple a-t-il régné pour que les maçons de Jérusalem n’entendissent rien d’autre que l’harmonie et la paix ? L’absence d’outils de fer dans le Temple est-elle prescrite pour éviter toute souillure de l’espace sacré, car le fer porte en lui une impureté et représente un potentiel de désordre entre les hommes et entre les hommes et le Créateur ?

L’impossibilité opérative de l’édification d’un Temple aussi prestigieux sans l’utilisation d’aucun outil de fer n’est-elle pas le moyen de montrer que le Temple était plus l’œuvre du grand Architecte de l’Univers que l’œuvre d’un mortel ? On retrouve cette idée dans un ancien manuscrit maçonnique : « Et quand le bâtiment fut terminé, ses diverses parties s’ajustèrent de façon si parfaite qu’il donnait plus l’apparence d’une œuvre de l’Architecte Suprême de l’Univers que d’une œuvre humaine… »[1]

Martinès de Pasqually nous offre une autre piste lorsqu’il associe la construction du Temple à l’émanation du premier homme : « La construction de ce Temple figurait réellement l’émanation du premier homme. Pour s’en convaincre, on n’a qu’à observer que le temple de Salomon fut construit sans le secours d’outils composés de métaux ; ce qui faisait voir à tous les hommes que le Créateur avait formé le premier homme sans le secours d’aucune opération physique matérielle. »[2]

Temple intérieur

On peut aussi considérer, d’un point de vue allégorique, que le temple dont parlent les rituels constitue un symbole du temple intérieur que tout maçon doit bâtir en lui-même. La construction de ce temple immatériel ne peut être que le fruit d’un travail qui met en œuvre les forces spirituelles et morales du maçon, ce travail est celui du cœur et de l’esprit, indépendant des forces physiques dont les outils et les métaux sont ici l’emblème.

 

[1] Cité par Alex Horne, Le Temple de Salomon dans la tradition maçonnique.

[2] Martinès de Pasqually, Traité sur la réintégration des êtres…, § 22.

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.