Le mot « loge » désigne, non seulement le local où se réunissent les francs-maçons, mais aussi un groupement constitué de maçons. Il semble que ce deuxième sens soit postérieur au sens du « local ».

Le terme de « Loge » désigne ainsi un corps organisé de maçons, aussi bien sur un plan administratif que sur un plan initiatique. En ce sens, la première lettre de ce terme, dans le vocabulaire maçonnique, s’écrit plutôt avec une majuscule. Le mot « loge » en tant que lieu de réunion s’écrirait alors plutôt avec un « l » minuscule ?

Chaque loge a sa propre vitalité

Sur un plan administratif, la Loge est une association composée de francs-maçons. En principe, on n’est franc-maçon « actif » que si l’on est membre d’une Loge

La Loge est ici une personne morale, la plupart du temps déclarée en Préfecture en tant qu’association loi de 1901. Elle conduit et réalise des actes propres à toute association de personnes : elle se prononce sur l’admission ou l’exclusion de ses membres, elle décide de leur avancement ; elle élit et est dirigée par un président (le Vénérable Maître de la Loge), son collège des officiers peut être assimilé à un conseil d’administration ; elle est régie par un règlement intérieur et un règlement obédientiel…

La Loge porte un nom distinctif. Elle adhère généralement à une Obédience maçonnique à laquelle elle choisit de se rattacher. Dans le cas où l’Obédience l’accepte ou la reconnaît, la Loge porte un numéro d’ordre (chronologique) qui est généralement celui du rang dans lequel elle a été enregistrée ainsi que la mention de la ville (appelée « Orient ») dans laquelle se tiennent ses réunions (ou la ville où elle a été créée).

Une Obédience maçonnique, souvent appelée « Grande Loge » ou « Grand Orient », est une fédération de Loges qui y adhèrent. Il existe aussi des Loges non obédientielles dites « Loges sauvages », appelées également « Loges libres » ou « indépendantes ».

Chaque Loge possède « sa vitalité propre, son état d’esprit particulier ». On parle d’ailleurs de « la vie de la Loge ». Elle est donc une véritable cellule vivante susceptible de se développer, de se régénérer ou de dégénérer, ou bien encore de mourir et de disparaître…

La Loge, une assemblée de maçons réunis en tenue

La Loge prend le nom du grade auquel elle travaille : « Loge d’Apprenti », « Loge de Compagnons », « Loge de Maîtres ». Les Loges portent également un qualificatif de couleur : « Loges bleues » du 1er au 3ème grade (ou degré), « Loges vertes » au Rite Ecossais Rectifié pour son 4ème grade (dans ce rite, on trouve même l’expression « Loges rectifiées ») ; d’autres couleurs existent dans les hauts grades (rouge, noir, blanc…). Dans les Loges qui pratiquent les « hauts grades », on trouve l’appellation « Loge de perfection » (pour certains hauts grades du REAA), « Loges de la Marque » (pour les rites anglais), etc.

« La Loge approuve le protocole de la Tenue… », « … elle accepte votre déclaration et votre engagement… », « … elle vous donne ces gants blancs… », ou bien encore « … le candidat est présenté à la Loge… » ou « … le Frère parrain répond de cet homme envers la Loge »… De ces quelques phrases tirées du rituel du 1er grade du RER, nous pouvons définir la Loge comme une entité collective de maçons qui prend corps au cours de la cérémonie d’ouverture des travaux. N’oublions pas qu’on ne devient franc-maçon que si, par une cérémonie appropriée, l’on a été initié ou reçu dans une Loge.

Dans les rituels, on peut comprendre les expressions « l’entrée EN Loge » comme l’entrée parmi l’assemblée de Frères, « se couvrir EN Loge » comme un geste à effectuer une fois l’ensemble des Frères réunis en Tenue… Il n’y aurait donc de Loge que lorsque les Frères sont assemblés en Tenue (lorsque la Loge est ouverte) ; cette même Loge, en quelque sorte, se « désagrègerait » provisoirement à la fin de la Tenue (la Loge est fermée et la Tenue s’achève) ; la Loge serait « reconstituée » lors de la Tenue suivante et ainsi de suite comme une immense respiration sans fin…

La Loge est un groupe de maçons rassemblé au même moment, au même endroit et qui travaille ensemble au travers d’un rituel. Comme le dit le Rite Ecossais Rectifié : « … tous les Maçons répandus sur la surface de la terre ne forment tous ensemble qu’une seule et même Loge. »

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.