Houppe dentelée | Rite Ecossais Rectifié | CERRER

L’expression « la houppe dentelée » est une expression typiquement maçonnique. Dans plusieurs rites, elle désigne la corde dessinée sur les Tableaux des grades d’Apprenti et de Compagnon appelés aussi « Tapis de loge ».

La houppe dentelée, une innovation française

D’après les historiens, la « houppe dentelée » constitue un « ornement » surajouté aux Tableaux de loge en France, à partir du début des années 1740. Les rites anglais ignoraient et ignorent encore aujourd’hui cette houppe dentelée qui semble donc bien être une innovation française qui s’est propagée ensuite dans toute l’Europe continentale.

Certains commentateurs établissent un rapprochement entre la houppe dentelée et la « corde à nœuds » des maçons de métier, bâtisseurs de cathédrale. Les textes de la Maçonnerie opérative britannique accordent d’ailleurs une place importante à cette corde à nœuds, appelée parfois « cordeau », dans la panoplie des outils symboliques mis au service des Maçons. En effet, cet instrument, qui pouvait comporter douze nœuds, permettait aux ouvriers de tracer et de reporter des proportions, de tracer des angles droits et des cercles, et ce, sans « savoir ni lire, ni écrire ».

Revenons à la houppe dentelée qui comporte un nombre variable de nœuds, de deux à douze, suivant les rites ; parfois, le nombre de nœuds varie également en fonction des grades. Le Rite Ecossais Rectifié (RER) ne mentionne pour sa part aucun nombre précis de nœuds. Les nœuds de la houppe dentelée ont une forme spéciale : ils sont plats, ils ont la figure d’un huit couché (proche du symbole mathématique de l’infini) et sont représentés desserrés.

Elle délimite les faces Nord, Est et Sud de la partie supérieure du Tableau de Loge qui représente le Temple. Elle se termine vers chaque colonne, et comporte à chacune de ses deux extrémités, un assemblage de brins de fils formant une touffe. C’est ce bout effiloché de la corde que la langue française appelle une « houppe ». Mais, par extension, et de façon impropre (sur un plan linguistique), le terme de « houppe dentelée » s’est appliqué à la totalité de la corde avec ses deux extrémités. On a donc confondu la partie pour le tout.

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Le cordon à houppes dentelées du RER

Le RER appelle, de manière plus juste, cette corde figurant sur le Tapis de Loge « Cordon à houppes dentelées ». Cette formulation rétablit bien la distinction entre le cordon, d’une part, et les houppes, d’autre part.

Avec le Pavé Mosaïque et l’Etoile Flamboyante, le Cordon à houppes dentelées fait partie de ce que pratiquement tous les rituels nomment les « ornements de la loge ». Ainsi, peut-on lire dans les Instructions par Questions – Réponses au grade d’Apprenti du RER : 

D : Combien y-a-t-il d’ornements en Loge ?

R : Il y en a trois, savoir : le Pavé Mosaïque qui orne le seuil de la Porte du Templele Cordon à Houppes Dentelées qui en orne l’intérieur, et l’Etoile Flamboyante qui en éclaire le centre, d’où elle répand sa Lumière dans toutes ses parties.

La fonction « décorative » de cet ornement est soulignée par le choix du mot « cordon » (petite corde) ou, dans d’autres rites, du mot « cordelière » (cordon servant de ceinture). La partie qui unit la fin de la corde aux brins effilochés est appelée un « gland » qui, suivant le dictionnaire, est un « ornement de passementerie » ; on connaît par exemple le rideau garni de glands à franges.

Il  ne faudrait pas penser cependant que « l’ornement » qu’est la houppe dentelée sur le Tapis de loge n’ait qu’une  fonction purement esthétique. A mon avis, nous avons affaire ici à une représentation du « Beau » que l’on doit situer dans la fameuse triade symbolique Sagesse – Force et Beauté de la pensée maçonnique.

A SUIVRE…

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.