« Qu’est-ce-que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais. Si je veux l’expliquer à qui me le demande, je ne le sais plus. » Saint Augustin d’Hippone exprimait ici la difficulté de donner une définition satisfaisante du temps.

Ce père de l’Eglise posait le paradoxe suivant : « Ces deux temps, le passé et l’avenir, comment sont-ils puisque le passé n’est plus et que l’avenir n’est pas encore ?… » D’autres penseurs importants se sont exprimés dans ce sens. Frithjof Schuon : « Qu’est-ce que le temps, sinon l’ignorance de ce qui sera « après »… ? » Schwaller de Lubicz : « Le Temps se mesure par le mouvement. A chaque instant le mouvement ne peut être que terminé, ou à venir. Il ne peut pas être autre chose, ne pouvant être passé et avenir « en même temps ».

Qu’en-est-il alors du présent ? Poursuivons avec un florilège de citations pour méditer.

Le temps et l’instant présent

On ne peut dire qu’il n’y a de passé et d’avenir que parce qu’il y a un présent. Gaston Bachelard, dans son livre La dialectique de la durée, précise : « Le temps n’a qu’une réalité, celle de l’instant ». En fait, l’instant n’est pas une partie du temps, mais seulement une limite qui détermine à chaque fois l’avant et l’après.

René Guénon se fait plus précis encore : « Le présent est « l’instant » indivisible qui, entre le passé et l’avenir, est comme un reflet de l’éternité dans le temps. » Le philosophe Kierkegaard, quant à lui, présente « l’instant » comme l’intersection du temporel et de l’éternel.

Ce point d’intersection est aussi un point de rencontre. Annick de Souzenelle nous parle du temps mystique « qui … est véritable et non illusoire, il exige dans son point central la rencontre de l’Absolu et du relatif, il se meut dans un mouvement vertical, il désigne un temps vivant. »

Le temps et l’éternité

Temps mystique, temps sacré dit aussi Mircea Eliade : « Le Temps sacré se présente sous l’aspect paradoxal d’un Temps circulaire, réversible et récupérable, sorte d’éternel présent mythique que l’on réintègre périodiquement par le truchement des rites. … un Temps sacré qui, à certains égards, peut être homologué à  » l’Eternité « . »

Platon, lui aussi, établit une relation entre le temps et l’éternité : « Le temps est l’image mobile de l’éternité immobile. » Schwaller de Lubicz confirme :  » Le Moment Présent est, de ce fait, insituable : il est hors du Temps, parce que hors du mouvement mesurable. Il présente les conditions d’un Absolu.  »

Saint Augustin affirme : « Le présent même, s’il était toujours présent, sans se perdre dans le passé, ne serait plus temps ; il serait éternité… Si nous avons le droit de dire que le temps est, c’est parce qu’il s’achemine au non-être ». Pour ce théologien :  » L’éternité n’est rien d’autre que la parfaite possession de soi en un seul et même instant.  »

Dans un prochain article, nous poursuivons ce thème en évoquant les heures symboliques de midi et de minuit qui caractérisent le temps maçonnique en loge.

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.