Midi, heure de plénitude | Rite Ecossais Rectifié

Il est midi plein », dit le rituel d’ouverture des travaux du  Rite Ecossais Rectifié. Nous ne pouvons ajouter ne serait-ce qu’une fraction de temps en plus sans que cela ne déborde. La coupe est pleine, la limite maximum est atteinte.

Midi est « plein » car il contient toute la quantité possible de lumière. La lumière qui brille à midi, puisqu’elle est pleine, n’admet aucune restriction, aucune demi-mesure. C’est le Tout à qui il ne manque rien, c’est le triomphe absolu de la luminosité.

L’heure de midi

Marie Madeleine Davy cite l’auteur de l’ouvrage sur l’extase dans le hassidisme, Dov Baer de Loubavitch, qui évoque un paradoxe kabbaliste selon lequel « seul le vase déjà plein de lumière divine peut recevoir davantage de lumière ». On peut comprendre, qu’ici, la lumière attire la lumière. Nous retrouvons cette même idée dans ce que les évangélistes Matthieu (13, 12) et Marc (4, 25) rapportent comme une parole du Christ : « On donnera à celui qui a mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a ».

Il y a de l’obscurité dans la lumière et de la lumière dans l’obscurité sauf au moment précis de midi. L’absence d’ombre à midi signifie que la loge est symboliquement inondée par une lumière immaculée, la lumière la plus pure. « … entrons dans les voies qui nous sont ouvertes pour perfectionner nos travaux, et que la lumière la plus pure nous aide à les vérifier », dit le Vénérable Maître à midi plein, lors de l’ouverture des travaux des loges du Rectifié.

Midi et le nombre douze

La notion de plénitude attachée à l’heure de midi (la douzième heure) est corroborée par certains aspects de la symbolique du nombre douze que les rédacteurs bibliques ont associé notamment aux douze fils de Jacob qui donnèrent les douze tribus du peuple juif. Les douze tribus représentent l’Israël total qui doit être rassemblé.

L’Apocalypse de Jean précise : « Chacune des douze tribus compte 12 000 individus, ce qui fait 144 000 serviteurs qui seront sauvés à l’ouverture du septième sceau » (Apocalypse 7, 1-8). Le Christ, pour sa part, est entouré de douze disciples.

Si le douze est le nombre de l’élection, il est également, selon le livre de l’Apocalypse, le nombre de la ville parfaite et du monde achevé, celui de la Jérusalem céleste :

Apocalypse 21
12 Elle avait une grande et haute muraille. Elle avait douze portes, et sur les portes douze anges, et des noms écrits, ceux des douze tribus des fils d’Israël :
13 à l’orient trois portes, au nord trois portes, au midi trois portes, et à l’occident trois portes.
14 La muraille de la ville avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l’agneau.

Le texte biblique nous apprend aussi que la cité mesure 12 000 stades de côté avec un rempart de 144 (12×12) coudées comprenant 12 portes qui « étaient douze perles; chaque porte était d’une seule perle. La place de la ville était d’or pur, comme du verre transparent. » (Apocalypse 21, 21). Dans Apocalypse 12, il est question d’une femme avec une couronne de douze étoiles. Douze est ainsi réputé pour caractériser ce qui forme un tout, un ensemble harmonieux. Ce nombre symbolise le nombre du rayonnement total, le déploiement des possibilités essentielles.

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.