tableau-tapis de loge rite écossais rectifié

« Tableau de loge » ou « Tapis de loge », ces deux termes sont souvent employés indifféremment pour désigner, selon la définition de Roger Dachez, « le tracé symbolique qui, dans la plupart des Rites, est placé au centre de loge et change de composition selon le grade auquel la loge travaille ».

« Entre l’autel d’Orient et les deux petites tables d’Occident, on place le Tapis ou Tableau de la Loge, ayant soin de laisser entre les uns et les autres l’espace nécessaire pour exécuter sans gêne ni confusion les cérémonies du grade. Ce tapis, d’une grandeur proportionnée au local, doit former un carré long, en sorte que sa largeur soit à sa longueur comme 2 à 3. Il est entouré, dans toutes ses parties extérieures, d’une large bordure à compartiments… » peut-on lire dans le rituel du Rite Ecossais Rectifié (RER).

Tableau de loge

Notons cependant qu’il n’existe pas de Tableau ou de Tapis de Loge dans certaines versions du Rite de Memphis. Au Rite Ancien York, un « tableau » représentant les deux St Jean apparaît derrière le Second Surveillant. Au Rite Emulation, le tableau de Loge est appelé « Planche tracée » (tracing board). Il existe une Planche Tracée par grade. A l’ouverture de la loge, les 3 Planches Tracées sont placées debout, faces cachées, contre le plateau du Second Surveillant. Une fois la loge ouverte, la Planche Tracée correspondant au grade est retournée pour apparaître à tous les FF. Lors des cérémonies de passage au grade de compagnon, la Planche tracée est posée à plat au centre de la Loge pendant qu’un Frère expose par coeur l’histoire correspondante. A la fin de la cérémonie d’Elévation, la Planche Tracée est placée à l’Orient et mise debout contre le plateau du Vénérable Maître où elle est expliquée au nouveau Maître.

Il semble que l’expression « Planche Tracée » / « Tracing Board » ait été d’abord employée en Angleterre, à l’époque où les symboles contenues dans ce tableau étaient dessinés sur le sol (ou sur un tableau noir ou blanc) à la craie ou au charbon de bois, lors de l’ouverture des travaux en loge, par le Tuileur dont c’était une des attributions. Le dessin était ensuite effacé lors de la clôture des travaux. Aujourd’hui encore, certaines loges perpétuent cet ancien usage qui est cependant devenu rare. L’usage apparait en France dès les années 1720, et avec lui l’appellation « Tableau de loge »*

*L’expression « tableau de loge » peut aussi désigner la liste de membres de la loge, dont on dit qu’ils sont « inscrits au tableau de la loge ». Dans le monde profane, on trouve également ce type de tableau qui établit par exemple une liste par ordre de personnes appartenant à un corps, à une compagnie, à une profession…

Puis, apparut (vers 1730 ?) l’usage de dérouler sur le sol de la Loge le contenu de ce même tableau mais qui, cette fois, était peint d’avance sur une toile, un drap ou un morceau de tissu et réutilisable à chaque réunion. Le mot « tapis » de l’expression « tapis de loge » convient bien ici à la toile peinte que l’on déroule puis que l’on enroule lors de chaque réunion. Cette pratique est courante aujourd’hui mais on utilise également un tableau en bois (ou en plastique) qui est posé au sol puis enlevé à la fin de la tenue.

RER : un tableau emblématique propre à chaque grade

En plus du Tapis ou Tableau de Loge, il existe au RER un autre type de tableau qui est dit « mobile » : « Le devant de l’autel doit être disposé de manière à recevoir des tableaux mobiles, contenant l’emblème particulier de chaque grade. Celui d’apprenti est une colonne brisée et tronquée par le haut mais ferme sur sa base, avec cette inscription: ADHUC STAT. »

Ainsi, se trouve placé, lors de chaque Tenue au RER, devant et contre l’autel où siège le Vénérable Maître, un tableau contenant l’emblème du grade. Chacun des grades suivants possède un tableau emblématique qui lui est propre.

Au grade d’Apprenti, cet emblème est constitué par un dessin représentant une colonne brisée, tronquée par le haut et surmontée de la formule latine Adhuc Stat. Cette colonne brisée est désignée par le rituel du Rectifié comme le « symbole du grade d’Apprenti ».

Nous avons ici une spécificité importante du RER que nous développerons dans un prochain article.

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.