Phénix | Rite Ecossais Rectifié -3

Le Phénix renaissant de ses cendres est l’un des symboles majeurs du Rite Écossais Rectifié ; il est l’image utilisée pour le sceau de l’Ordre : « L’emblème général des Loges rectifiées de France, est un Phénix renaissant de ses cendres avec la légende « Perit ut vivat » (Code Maçonnique des Loges Réunies et Rectifiées, 1778). D’après ce même Code, un Phénix doit orner le revers des médailles de loges.

Le Phénix, emblème de l’Ordre qui ne périt que pour revivre

Les Instructions d’Écuyer Novice du Rectifié précisent :

« Le Phénix est l’emblème des Novices du Rite Écossais Rectifié, c’est aussi le plus ancien symbole de la maçonnerie parce qu’il est l’image de l’honneur qui ne périt que pour revivre, et de l’Ordre qui a péri dans les flammes pour renaître aussitôt de ses cendres. »

Le Rectifié utilise l’emblème du Phénix et le processus de mort/renaissance qu’il symbolise comme la destinée de l’Ordre maçonnique qui, selon lui, fut attaqué, vilipendé par les profanes et même souvent par les Frères maçons eux-mêmes.

Le rituel du 4ème grade du Rectifié établit un rapport entre la décadence de l’Ordre et la mort d’Hiram : « … le second état de l’Ordre, un état de décadence, est indiqué par la mort tragique d’Hiram… » Le rituel précise que « Les trois compagnons, sous les traits de l’envie, de la cupidité et de la calomnie, qui font succomber Hiram, désignent la mauvaise conduite des membres de l’Ordre maçonnique qui fut persécuté et qui perdit tout son éclat. » Ce rapport entre l’Ordre maçonnique et Hiram est maintenu pour signifier la renaissance de l’Ordre, « ramené à ses lois primitives et purgé des faux Frères qui le déshonoraient », figurée « par le troisième tableau qui montre Hiram représenté ressuscitant. » Nous ne trouvons dans aucun autre rite maçonnique une telle association symbolique.

Pour Pierre Noël, dans ses écrits intitulés, Les réformes spirituelles du Rite Écossais Rectifié, le Phénix renaissant de ses cendres « illustre la terrible puissance concentrée dont le RER a fait la démonstration, en étant celui qui, réduit à rien, a ramené la Régularité maçonnique dans une France laïcisée… »

Le Phénix dans la tradition chrétienne

La devise qui accompagne le symbole du Phénix, « Perit ut vivat », que l’on traduit par « il périt pour qu’il vive », introduit fortement une dimension chrétienne par l’évocation du Christ rédempteur qui, en donnant son sang, a donné la « vraie vie » à l’homme et sauvé l’humanité : « Christ est ma vie, et la mort m’est un gain » écrivait Paul dans l’Epître aux Philippiens 1, 21.

Au Rite Écossais Rectifié, le symbole du Phénix peut être rapproché de l’emblème de la colonne brisée du grade d’Apprenti. La brisure de la colonne signifiant ici la « chute » de l’homme, sa coupure avec le haut, d’une certaine manière, sa mort spirituelle. La devise latine « Adhuc Stat » entretient l’espérance de la reconstitution de cette colonne, restée solide sur sa base, signe de la possibilité de la réintégration de la nature divine originelle de «l’homme dégradé », à l’image du Phénix renaissant de ses cendres.

La tradition chrétienne fait du Phénix le symbole de la personnalité divine du Christ ressuscité. Ce symbole donne également sa forme à la volonté de survie de l’homme et donc à la vertu théologale qu’est l’Espérance. Le symbolisme attribué au Phénix qui met fin à ses jours pour revivre est complémentaire de celui du Pélican qui se sacrifie pour nourrir les siens (dans certains haut-grades maçonniques apparaît le Pélican entouré de ses enfants, prêt à s’ouvrir le ventre), à l’image du sacrifice du Christ pour l’humanité. Le Pélican est ici clairement le symbole de la Charité, autre vertu théologale.

Extrait du livre de Jean-Claude Sitbon :

« Hiram, exégèses bibliques et maçonniques du mythe fondateur de la Franc-Maçonnerie »

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.