La recherche spirituelle demande que l’on se mette en état de désir.
Les besoins comme les désirs expriment l’incomplétude de l’être, son état d’imperfection. Mais c’est justement cette imperfection et ce manque qui appellent la possibilité, pour l’homme, du dépassement et de la transcendance.
Nous avons déjà abordé cette question au travers de plusieurs articles, notamment : « Le vrai désir (au Rite Ecossais Rectifié) » (lire l’article ici) et « La double nature de l’homme » (lire l’article ici)
L’homme, être de désir
L’essence de l’homme est le désir. Dans sa nature même, l’homme est un être de désir.
« Le désir est tellement constitutif de l’homme qu’il se trouve inscrit dans son nom », écrit Annick de Souzenelle qui poursuit : « les deux premières lettres hébraïques d’Adam, Aleph et Dalet, forment le mot Ed, qui est la « vapeur », cette vapeur qui se dégage de la terre au Livre de la Genèse, et qui monte vers les Cieux. Cette vapeur qui est eau et feu, c’est la tension de la Création vers son Créateur, c’est l’humidité révélatrice de pulsions du désir des eaux d’en bas vers les eaux d’en haut. »
Parcelle de l’âme du Monde, l’homme, par le désir, est souffle et tension, disent les anciens Stoïciens. Il est appétit infini de béatitude, dit St Thomas. Il porte en lui l’idée de Parfait, dit Descartes ; il est « mouvement pour aller plus loin », dit le philosophe Malebranche.
En fait, si le désir est bien producteur de haine, de jalousie, d’ambition démesurée, il est aussi producteur de générosité, de force d’âme, de courage.
Le désir et l’éveil de la volonté
Spinoza distingue, chez l’homme, trois états passionnels fondamentaux : « le désir qui permet à l’être de persévérer dans son être, à vouloir durer et à vouloir se développer selon sa nature, faute de quoi il deviendrait indifférent à lui-même et se détruirait ou se laisserait détruire ». Dans le même ordre d’idée, notre rituel évoque les trois états de Cherchant, de Persévérant et de Souffrant qu’il fait correspondre aux trois états indissolublement liés dans « l’homme de désir ».
L’effort pour être et le désir qui l’exprime sont, pour Spinoza, un mouvement vers l’accroissement de la puissance, non pas certes de la domination aveugle, mais de la puissance d’exister, et du pouvoir d’affirmation. Le désir est indispensable au départ pour éveiller la volonté. Il y a là un dynamisme qui permet à l’homme de passer de la puissance à l’acte. Il n’y a pas de mouvement s’il n’y a d’abord l’apparition d’un désir poussant à l’action.
Or, nous maçons, nous croyons qu’il n’est d’équilibre que dans le mouvement. Nous croyons qu’il n’est de progrès que dans l’action, et principalement dans l’exercice d’une bienfaisance active envers tous les sœurs et frères et tous les autres êtres humains.