La majorité des francs-maçons dans le monde, qui font usage de l’expression « Grand Architecte de l’Univers », considèrent que celui-ci est clairement le Dieu Créateur de la Bible.

Cela peut d’ailleurs paraître logique avec le fait que nombre de symboles et enseignements portés par la plupart des rituels maçonniques sont empruntés à une tradition judéo-chrétienne.

Les plans du Grand Architecte

Dieu n’apparaît-il pas déjà dans la Bible comme un architecte lorsque le Livre Exode nous dit qu’il communique à Moïse la structure et les dimensions pour la construction d’un Sanctuaire appelé « Tabernacle » destiné à accueillir la présence divine parmi le peuple hébreu ? C’est dans ce Tabernacle, appelé aussi Tente du Rendez-Vous ou Tente de la Réunion, que seront déposées les Tables de la Loi contenues dans l’Arche d’Alliance et qui accompagnera le peuple hébreu tout au long de son exode de quarante années dans le désert du Sinaï.

C’est sur le modèle de ce Sanctuaire du Désert que devait être construit plus tard le temple de Salomon. Le Livre des Rois nous apprend que ce sera encore l’Eternel qui donnera les plans du temple de Jérusalem au roi David qui les communiquera à son fils Salomon.

Le Grand Architecte biblique ne fait-il pas encore connaître à Ezéchiel, par l’intermédiaire de son ange, la structure et les dimensions du temple à rebâtir, après que le premier eut été détruit ? (Ézéchiel 43, 2). Dans les Evangiles, l’apôtre Paul, dans son Epître aux Hébreux (11, 10), en faisant référence à la cité céleste, nous dit qu’Abraham « attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu lui-même est l’architecte et le constructeur… »

Le fait de désigner Dieu comme le « Grand Architecte de l’Univers » est aussi à mettre en rapport avec d’autres nombreux passages de la Bible, et plus particulièrement les premiers versets du Livre Genèse. « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » lit-on dans (Genèse 1, 1), et plus loin, dans (Genèse 2, 4) : « Voici les origines des cieux et de la terre, quand ils furent créés. Lorsque l’Eternel Dieu fit une terre et des cieux… »

L’appellation de Dieu comme Grand Architecte de l’Univers renvoie ainsi à la notion de créateur du monde, de Celui « qui a créé toutes choses » (Éphésiens 3, 9). Pour les traditions monothéistes, l’Univers a été voulu et construit par Dieu, qui est donc son « architecte ».

Le Grand Architecte, père de tous les êtres

Dans cette optique, nous avons affaire à un Dieu personnel, père de tous les êtres humains, qui s’intéresse à ses créatures et qui est censé les entendre lorsqu’ils lui adressent une prière. Un Dieu personnel mais aussi un Dieu dont la Volonté est révélée aux hommes. Il est également question d’un Dieu créateur d’où tout provient et dont l’intelligence ordonne l’univers. Ce Dieu, appelé aussi « Etre Suprême », est l’architecte et le régisseur du ciel et de la terre, il veille à la marche harmonieuse de l’univers grâce aux lois qu’il a instaurées.

C’est donc un Dieu actif, d’où la possibilité, voire la nécessité de lui rendre un culte : c’est un Dieu qui reste providentiel et qu’il faut donc prier.

A titre d’illustration de ce courant, que l’on pourrait qualifier de THEISTE, écoutons quelques extraits des invocations qui sont faites au Grand Architecte de l’Univers à l’ouverture et à la fermeture des travaux des Loges symboliques du Rite Ecossais Rectifié. « Grand ARCHITECTE de l’Univers, Etre Eternel et Infini, qui est la bonté, la justice et la vérité même ; source unique de tout bien et de toute perfection ; O Toi ! par qui par ta parole toute puissante et invincible a donné l’être à tout ce qui existe, … tu es l’unique source du vrai bonheur, comme tu en es le terme à jamais… »

Il existe un autre courant d’interprétation différent

dans lequel l’expression « Grand Architecte de l’Univers »

est considérée comme une formulation déiste du 18ème siècle.

Un prochain article traitera de cette autre vision du Grand Architecte de l’Univers……………

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JCS

Avec une pratique de plus de vingt années du Rite Écossais Rectifié, J.C. Sitbon a été Vénérable Maître de sa loge de 2003 à 2006 et rédacteur en chef, jusqu’en 2008, de L’Etroit Lien, journal destiné à une dizaine de loges provençales travaillant au Rite Écossais Rectifié.

En 2009, il fonde et depuis anime le Cercle d’Etudes et de Recherches sur le Rite Écossais Rectifié  (CERRER), situé à Marseille, dont les travaux visent à approfondir l’histoire des origines, de la structuration et de l’évolution de ce rite maçonnique. LE CERRER accorde également une place importante à l’étude de la symbolique et aux spécificités du Rectifié, tout en privilégiant une approche universelle.